Le collectif Eskandar, porté par l’écrivain et metteur en scène Samuel Gallet, navigue entre théâtre, écrits, musiques et performances pour interroger les enjeux existentiels d’un monde en crise. Leur cheminement créatif se déroule en trois temps : une phase de rencontre et d’observation, une phase d’écriture et une restitution, intitulée Conjuration. Ce 19 mars, au Théâtre Liberté, était donné leur travail effectué dans la rade de Toulon quelques jours plus tôt, où Zébuline était.
Embarquement
19 mars, 9 h30. C’est l’heure d’embarquer sur la navette, et l’équipage s’appelle Samuel Gallet, Pierre Morice et Julie Aminthe, tous du collectif Eskandar. Leur cap, les chantiers navals de la Seyne-sur-Mer. L’objectif est de rencontrer les anciens ouvriers de ces chantiers fermés depuis 1989. Une douzaine d’entre eux attendent déjà sur le quai quand le bateau arrive, et très vite l’échange se fait. En un instant, les trois artistes se fondent dans le public, s’immergent dans leurs récits, captent les émotions. Une émotion omniprésente tant l’histoire de cette industrie reste gravée dans les corps et les cœurs des ex-ouvriers.

Il y a les problèmes de santé liés l’amiante, omniprésente à l’époque, qui a déclenché des cancers chez certains. Les conditions de travail aussi, très difficiles : charges lourdes qui cassent les dos, absence de casques sur les oreilles malgré le bruit omniprésent – beaucoup sont aujourd’hui sourds ou malentendants. Et il y a la fermeture des chantiers, d’une telle brutalité qu’elle a causée nombre de dépressions nerveuses, divorces, ou suicides.
Les artistes, d’une écoute attentive, se sont contentés de poser des questions, et de prendre des notes. Assez pour écrire un spectacle et rendre hommage à ces cabossés de la vie et du capitalisme. Injustement oubliés.
LILLI BERTON FOUCHET
Cet échange entre l’équipe artistique de Samuel Gallet et les anciens des chantiers navals de La-Seyne-sur-Mer a eu lieu le mercredi 19 mars, dans le cadre de Passion bleue.
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