Une femme en noir qui danse, un écran blanc, un écran noir, servent de prologue à un film en deux parties. . Une partition visuelle qui prend tout son sens avec le deuxième mouvement, une performance mêlant musique et danse. Oiseaux morts, ailes blanches tachées de sang, gibier tué, détails de tableaux de l’âge d’or néerlandais, revenant en boucle rythmée, se mêlant à des dentelles, soulignant la violence cachée de l’époque et dévoilant le crime : des animaux qui dévorent leur propre race.
Le deuxième mouvement, en de longs plans séquences, donne à voir la performance de deux musiciens croates à la chevelure rouge, Alen et Nenad Sinkauz et d’une danseuse néerlando-indonésienne Marije Nie , toute de noir vêtue. Ses pieds aux chaussures rouges martèlent le sol au rythme de la musique. Marije Nie dit, crie des paroles fortes, inspirées par les textes de l’écrivaine Dubravka Ugrešić, qui dépeignent les comportements individuels et collectifs quand la société s’effondre. Le corps de la danseuse devient la voix de la révolte et de la dénonciation du système capitaliste, nous happant, nous faisant entrer dans son rythme. Une performance fascinante que la directrice de la photographie, Fiona Braillon a brillamment captée.
Un film étonnant, une vraie expérience sonore et visuelle que nous offre Jelena Juresa, artiste plasticienne et cinéaste
Annie Gava