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Hacker le greenwashing macroniste

Le 25 août, suite à un appel au boycott, la performance autour de Non-Noyées d’Alexis Pauline Gumbs a clairement hacké le festival arlésien Agir pour le vivant organisé par Actes Sud. Ebaptisé Vagir pour le néant par le collectif !

Le 15 août 2025, le collectif Politic Social Club publie une lettre ouverte adressée au invité•es et participant•es du festival, intitulée Dérèglement Politique, Agir pour le vivant, un festival qui gâche la forêt. Un appel au boycott qui dénonce un festival financé par un mécénat d’entreprises (Décathlon, Hermès…) participant activement à l’éradication du vivant.

Pourtant Mabeuko Oberty, Myriam Rabah-Konaté et Emma Bigé participaient ensemble le 25 août  à une performance autour du livre d’Alexis Pauline Gumbs, dont iels sont les co-traductrices : Non noyées, Leçon féministes Noires apprises auprès des mammifères marines. 

Plus tôt dans la journée, Emma Bigé, comme certain•es autres invité•es, avait déjà choisi d’altérer son intervention sur les écologies transféministes en lisant à la place un texte de soutien au Politic Social Club. L’après midi sur l’estrade de la chapelle Mejan, le public des éditions Actes Sud est invité à s’asseoir sur des coussins mous, des fatboys, des tapis, des chaises, partageant l’espace des performeureuses. La lecture de Non noyé•es.a été fragmentée, Myriam Rabah-Konaté interpelle directement l’auditoire, par une série de questions extraites du livre :

« De quoi avons nous besoin de nous souvenir, pour résister à l’oubli encouragé par la culture de la consommation et son temps linéaire ? » 

Le public, invité à fermer les yeux, digère ce qui vient d’être demandé.

 « Qu’ai je raté quand j’ai regardé le monde de haut en bas comme on me l’avait enseigné ? »

Ecoute du trouble

L’invitation à l’écoute est un  fil conducteur de la pensée d’Alexis Pauline Gumbs. Elle y interroge notamment les discours produits par une écologie de la surveillance et de la domination sur les mammifères marines, et prête une oreille attentive à ce qu’elles ont à nous apprendre. 

Et c’est une écoute du silence, du trouble et de la gêne qui ouvre la performance. Celle d’une écrasante majorité blanche, venue entendre « des leçons féministes noires ». 

« Sachez reconnaître quand il faudra dire non, sachez vous priver d’une chose aujourd’hui, cette semaine, cette année, toute la vie ».

Que faire, lorsqu’on est invité par un festival qu’on réprouve ? 

Il s’agit de reprendre l’espace, justement. D’utiliser ce rare moment de visibilité pour donner à entendre les contradictions du festival, explique Myriam Rabah-Konaté. 

Les questions suspendues, déposées, les trois performeureuses lisent collectivement, en canon, en échos, un extrait sur les dauphins tachetées d’Atlantique. Difficiles à identifier, elles ont été capturées, marquées, et malgré tout elles « ne sont pas populaires auprès de l’industrie du spectacle ». Artistes-auteurices et dauphins tachetées se posent la même question : « Comment perdre en popularité auprès de celleux qui veulent faire de moi leur esclave ? ».

Hacker l’évènement, transformer ce qui est censé être dit pour faire apparaître autre chose, c’est la pratique de désertion que les performeureuses avaient choisie. Mabeuko Oberty lit, entre traduction et réécritures, des extraits variées d’Alexis Pauline Gumbs, métraduits, détournés délibérément. Son caviardage devient un processus d’écriture poétique. Alexis écrit :« Écoutez, nous n’avons pas l’intention de crier, pour l’instant. ». « Écoutez, nous n’aurons pas besoin de crier », ajoute Mabeuko. 

NEMO TURBANT

Non noyé•es  a été détourné le 25 août à Arles dans le cadre d’Agir pour le Vivant, renommé Vagir pour le néant par le Politic Social Club 

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