2025 est en France « l’année de la mer », thématique nationale visant, selon le ministère de la transition écologique, à « maritimiser les esprits ». Nice accueillera la conférence des Nations Unies sur l’Océan en juin, et Marseille est naturellement dans le mouvement. À travers, notamment, une exposition en accès libre, qui débute au Muséum d’histoire naturelle. Réalisée avec le concours de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie (IMBE) et l’Institut méditerranéen d’océanologie (MIO), elle cherche à faire reconnaître l’importance des milieux marins dans une ville littorale où, paradoxalement, la mer reste relativement méconnue.
Lors de l’inauguration, Aurélie Biancarelli, adjointe à la recherche de la Ville de Marseille, défendait avec fougue le partage des savoir scientifiques, comme c’est la mission du Muséum, alors que se renforce l’obscurantisme d’extrême-droite. « La science n’est pas une opinion, mais une méthode rigoureuse. (…) C’est un enjeu démocratique. Nier la chute de la biodiversité et le changement climatique ne les feront pas disparaître ! La Méditerranée concentre une pollution plus forte que partout ailleurs, particulièrement le plastique. »
H2O, CO2, O2… tous reliés pour exister
Il est donc étonnant que le comité scientifique de l’exposition ait voulu débuter le parcours sous l’angle de l’exploitation de la mer, raisonnement à l’origine des problèmes en question. D’emblée, des panneaux exposent les services que les écosystèmes marins rendent à l’humanité : séquestration du carbone, alimentation, matériaux de construction, médicaments, cosmétiques… Mettre ainsi l’accent sur les penchants utilitaristes de nos sociétés est un choix que Sandrine Ruitton, enseignante-chercheuse du MIO, justifie ainsi : « Il s’agit peut-être d’une vision anthropocentrée des écosystèmes, mais cela nous a semblé un bon moyen de convaincre les gens de leur importance ». Peut être faudrait-il faire davantage confiance aux visiteurs, en leur proposant de réfléchir au problème de fond, l’attitude prédatrice de l’espèce humaine qui déséquilibre la vie partout sur la planète ?
D’autant que le reste de l’exposition remplit sa vocation de sensibilisation, à travers des messages fondamentaux. Mieux vaut préserver que restaurer, par exemple, comme on le voit dans le parc marin de la Côte Bleue, protégé depuis 1983, havre des mérous heureux. Fondamental aussi ce point sur le droit de la mer qui est trop éparpillé et manque de cohérence internationale, même si aujourd’hui l’encadrement de l’exploitation des milieux se fait plus strict. Si la prise de conscience se renforce, peut-être que le droit de la faune et la flore marine à une existence libre, dans des milieux naturels d’autant plus résilients qu’on les aura laissés tranquilles, sera reconnu ! Au grand bénéfice de tous les êtres vivants sur la planète, humanité comprise.
GAËLLE CLOAREC
* Baudelaire
Océans
Jusqu'au 13 juillet
Muséum d'histoire naturelle, Marseille
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