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Iliennes : des nouveaux récits à Marseille

Jusqu’au 13 avril, se tient la première édition de ce festival pluridisciplinaire, qui donne la parole aux artistEs des territoires insulaires en lien avec l’Afrique. Rencontre avec deux de ses créatrices, Mialy Ralijoana et Sidney Cadot-Sambosi 

Pourquoi avoir eu envie de monter ce festival ? 

 Mialy Ralijaona. Nous avons fait le constat de la sous représentation des cultures iliennes à Marseille. Il n’y a pas assez de propositions dans ce champ-là, alors que Marseille c’est la cinquième île des Comores par exemple. Il y a des communautés afro-diasporiques dans la population, mais pas dans les propositions culturelles. 

Sidney Cadot-Sambosi. Les îles sont des territoires qu’on voit peu, qu’on entend peu, souvent associés à la métropole. On ne les met pas assez en lumière pour ce qu’elles sont, très multiples, résultat d’une histoire mélangée, à la fois heureuse et très malheureuse. 

Vous donnez aussi la parole à des artistes femmes. 

S.C.-S. Les réalisatrices femmes sont moins nombreuses que les hommes, donc de facto il y a moins de voix de femmes. Pareil dans la musique, où il y a moins de productrices. Donc c’est intéressant de créer des canaux de distribution de leurs œuvres. Que ce soit un moteur encourageant pour elles. Qu’elles puissent se dire qu’il y aura au moins un débouché. 

M.R. Quand un cinéma reçoit des propositions de films à mettre à l’affiche, combien y a-t-il de pourcentage de femmes, et combien de pourcentage de femmes de ces territoires-là ? Pour arriver en haut de la liste c’est compliqué. Nous souhaitons mettre en lumière ces regards de femmes. 

Vous offrez de la visibilité à la création ilienne, y-a-t-il une singularité qui se dégage de ces artistes ? 

S.C.-S. Il y a une pluralité, donc des singularités. Et aussi des choses en commun, comme la colonisation, la violence de l’accaparement d’un territoire, de l’extermination de populations. 

M.R. Quand on parle d’accaparement, on aussi a envie d’aborder l’écologie décoloniale, c’est à dire l’accaparement des terres, qui est un sujet très violent et actuel. Comment à travers le cinéma, la littérature, la poésie, on peut trouver une force pour parler de cette violence et comment réagir à cette dépossession ?

Vous avez ouvert le festival avec le film Fahavalo, qui revient l’insurrection et les massacres au Madagascar de 1947. Une histoire très méconnue en France.

M.R. Oui cette histoire est silenciée, et à notre échelle, on participe à sa transmission. C’est pour ça que l’on a choisi la date symbolique du 29 mars pour commencer le festival [date du début du soulèvement à Madagascar, ndlr].

À travers le film de Marie-Clémence Andriamonta-Paes, on entend les voix des derniers insurgés de cette insurrection. C’est un témoignage vivant. Nous souhaitons que les Marseillais·e·s puissent entendre ces voix-là et se sentent concerné·e·s, que ce soit une histoire partagée, qu’elle concerne toutes les communautés à Marseille car c’est notre histoire commune finalement. Pour cela, le cinéma est un média facilitateur : on regarde des images,on écoute, et ensuite on échange. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

Iliennes
Jusqu’au 13 avril
Divers lieux, Marseille
Le programme à découvrir sur iliennes.org

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