Joanne Leighton vit et enseigne en France, elle a dirigé le Centre chorégraphique national de Belfort puis installé sa compagnie WLDN à Paris, mais elle est profondément marquée par son Australie natale, et par la relation à une nature grandiose et vierge.
Sa compagnie doit d’ailleurs son nom au Walden de David Thoreau, ce récit d’une Vie dans les bois qui depuis le XIXe siècle américain a posé l’idée d’un retour vers la nature. Les danseurs, avant d’aller sur scène, en lisent en confidence des extraits aux spectateurs, plaidoyer pour la simplification des besoins humains, éloge du temps pris à regarder les couleurs du lac, les formes des pierres, les liens avec la vie.
Faire corps
L’écologie de Joanne Leighton n’est pas plus naïve que celle de Thoreau, elle est un projet de société en danse. Sur le plateau les interprètes ne cessent de faire lien, dessinant des formes avec les galets et les branches, faisant évoluer et vivre une forêt qui se déploie sur un rideau écran qu’ils tirent et qui pose un décor d’arbres, projections vibrantes des photographies de Flavie Trichet-Lespagnol.
Les corps deviennent une entité qui bouge savamment, en silence, en produisant des sons percussifs, ou sur une musique (Peter Crosbie) qui répète ses motifs rythmiques, et les décale subtilement. Les séquences s’enchaînent, rapprochant les danseurs comme un groupe unique ou chacun danse pourtant différemment, formant des sous-groupes de quelques individus, jamais pourtant jusqu’à l’isolement, au solo. Comme les cellules fondamentales ils forment ensemble un corps qui les dépasse, dont ils ont une conscience commune.
Un hymne à la vie, sans exploit ni performance, mais jamais minimaliste : c’est la robustesse de chacun qui s’affirme dans l’endurance, et le geste juste pour s’inscrire dans le corps commun.
Agnès Freschel
Gathering a été créé au Zef, scène nationale de Marseille, les 18 et 19 mars, et joué au Théâtre de L’esplanade, Draguignan, en ouverture de L’ImpruDanse qui se poursuit jusqu’au 4 avril.
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