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AccueilÀ la UneKIKA, dominer sa vie, dominer sa peine

KIKA, dominer sa vie, dominer sa peine

Présenté à la Semaine de la Critique à Cannes 2025, le premier long métrage de fiction d’ Axelle Poukine, offre un beau portrait de femme, entre rires et larmes.

Kika est en retard. Le matin, pour accompagner sa fille à l’école. Le soir pour la récupérer. Au boulot, où en tant qu’assistante sociale, elle subit la pression de la détresse sociale face aux procédures administratives et à la pénurie. Kika ne domine rien. Ni son emploi du temps ni le coup de foudre qui l’enflamme.

Kika (Marion Clavel) rencontre David (Makita Samba). Elle est mariée. Il a une copine. Mais l’attraction est irrésistible. Après deux mois d’idylle, Kika et David cèdent à leur désir dans une chambre rouge boxon qui se loue à l’heure. Et on les retrouve quelque temps après installés ensemble.
C’est ici que la délicieuse comédie romantique – de celles qui font fondre, se pimentent d’humour et mettent en scène la maladresse amoureuse, s’arrête brutalement. David meurt. Kika n’a pas les moyens de conserver l’appartement qu’ils occupaient. Aura-t-elle assez de forces pour garder le bébé qu’elle porte ? Elle, qui dans son métier passe son temps à trouver un toit et des aides à ceux qui en ont besoin, se retrouve enceinte, fauchée, avec un enfant, et sans domicile. Hébergée par sa mère et son beau-père, « gentils » mais insupportables et névrosés.

Coup de fouet

Les jeux du hasard, pour le meilleur et pour le pire, ficèlent à la perfection ce scénario que la réalisatrice a écrit avec Thomas Van Zuylen : Kika par un concours de circonstances – et une culotte sale, se retrouve dans une filière sadomasochiste. De dominée, elle devient dominante, procurant une douleur jouissive et mesurée à des inconnus en détresse contre de l’argent. Sa propre douleur d’un deuil trop grand, trop soudain, trop injuste, reste en elle. Et elle la porte comme son enfant, au fond de son ventre. Son initiation au travail de « Maîtresse » par des professionnelles amicales ne manque pas de drôlerie. Kika, à l’air d’institutrice, bienveillante et polie, , s’étonne des demandes de ses « clients » :  face sitting, scatologie, fisting, gode-ceinture, fessée, flagellation, humiliation verbale … Fondées sur une recherche documentaire, toutes ces séquences sonnent juste et mettent en écho les chagrins et les désarrois de chacun. Sans voyeurisme, sans jugement moral, on approche le sens politique et humain de ces échanges monnayés. Axelle Poutine la documentariste aime les gens. Axelle la réalisatrice de fiction, ses personnages. Malgré la gravité du sujet, elle donne à la vie, sa drôlerie, sa lumière et sa chance. Une balade à bicyclette ouvre le film dans une image saturée de soleil jusqu’au flou, une autre le fermera.

La trajectoire du film, en ellipses et dérapages, épouse celle de l’héroïne cabossée.

Au fil des rencontres, entre rires et larmes, se dessine le portrait d’une femme attachante, vulnérable mais forte, incarnée avec une justesse inouïe par Marion Clavel dont la voix de contralto vibre longtemps dans l’oreille.

ELISE PADOVANI

Kika d’Axelle Poukine

En salles le 12 novembre

© Condor Distribution

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