Le langage politique n’a jamais autant ressemblé aux antiphrases de 1984 d’Orwell. « La Guerre c’est la paix », « l’ignorance c’est la force »… Et le bien commun, c’est Stérin ?
Son projet PERICLES a pourtant l’acronyme très clair : Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes. Même si on peut s’amuser qu’un « patriote » « enraciné » se soit exilé en Belgique pour ne pas payer l’impôt de ses smartbox, l’outrance n’a rien ici de comique. Le projet de Pierre-Édouard Stérin, révélé par L’Humanité en 2024, est de recruter des cadres et d’amener au pouvoir l’extrême droite en l’alliant avec la droite réactionnaire.
Liberté et bien commun
L’alliance est en route : ce mardi Bardella, Maréchal, Knafo, Ciotti, Dupont-Aignan… se sont réunis au Casino de Paris, salle appartenant à Bolloré, pour un « Sommet des libertés » (sans rire) organisé par Périclès. Pendant ce temps, la « Nuit du Bien commun » se balade en tournée provinciale. La Ville de Marseille, informée des intentions de Pierre-Édouard Stérin, refuse d’accueillir ce prétendu gala de charité et a officialisé son refus, comme Rennes, Annecy, Tours, Lyon, Nantes, Bordeaux et Lille. La Fondation de France a mis fin à tout financement.
Si 6mic scie le système
Mais en Provence, la ville d’Aix prendra le relais en accueillant le gala en octobre au 6MIC, salle de musiques actuelles, gérée en délégation de service public. Pourtant, La Nuit du Bien commun finance des associations dont certaines sont très inquiétantes, comme Marthe et Marie, foyer pour femmes enceintes qui décourage l’avortement, ou Excellence-ruralité et Espérance-banlieue, établissements de formation hors contrat épinglés pour racisme et violences. D’autres associations financées sont moins douteuses, mais le projet politique du Fonds pour le Bien commun n’est plus mystérieux : il s’agit de défendre une France blanche et chrétienne, une famille avec papa et maman, et la charité plutôt que la justice sociale.
Il s’agit aussi de remplacer le juste financement public des associations par un mécénat d’entreprise à main levée. Cela place le secteur associatif dans une soumission et une dépendance inédites. La droite coupe, l’extrême droite récupère.
Président de la Paix
Aux États-Unis, l’antiphrase a déjà élu son Président. Qui bombarde l’Iran au nom de la Paix, en soutien à un pays gouverné par un criminel de guerre. La presse occidentale, sidérée, désapprouve mollement le coup de force, ou se félicite de l’élimination de la menace iranienne, voire de l’apaisement possible au Proche Orient, remettant en cause la solidarité avec le peuple palestinien qui commençait à gagner les opinions.
La guerre n’est pas la paix. Le régime iranien, liberticide et criminel, a néanmoins signé le traité des non-prolifération atomique qui a permis de diviser par 7 le nombre mondial d’ogives nucléaires depuis son lancement (70 374 et 1985, 958 aujourd’hui). Israël n’a jamais admis posséder ses 90 ogives. Ni signé le traité.
Agnès Freschel
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