Une répétition de théâtre : un baiser, qui manque d’intensité selon la metteuse en scène Nora (excellente Vimala Pons). Elle dirige avec énergie sa troupe et son compagnon, Henri (William Lebghil),qui incarne Ivanov, un rôle de dépressif que seul osera jouer un acteur de talent, disait Tchekhov.
Où sont les limites entre la vie, l’amour et le travail ? Henri a besoin de les dépasser : il ne jouait que pour celle qu’il aime, Nora ; maintenant il a besoin d’autre chose. Un ami lui offre l’occasion de passer un casting, de rencontrer Noémie (Antonia Buresi) et François (Jérémie Laheurte ) et de faire du cinéma… à Paris. Comment concilier les deux ? Henri va passer beaucoup de temps dans les trains, entre deux lieux, entre deux métiers, entre deux rôles. C’est d’autant plus difficile que Nora n’accepte pas qu’il ne lui appartienne plus complètement. Disputes, crise. Henri quitte le spectacle ; elle le largue sur la route. Tous deux vont devoir faire l’expérience du monde sans l’autre, ce qui est aussi difficile pour Nora qui se débat avec tous les problèmes de la troupe à gérer que pour Henri qui vit très mal la rupture et doit apprendre le métier d’acteur. Arriveront-ils à surmonter tout cela, à repartir sur de nouvelles voies…
On doute
Le spectateur va partager, tour à tour, les répétitions de théâtre et de cinéma, les moments de travail et de vie dans un rythme alerte. Scènes cocasses comme celle du nouveau sol que vient d’installer sur la scène le décorateur, lumineux mais… glissant. Scènes où l’on est en empathie avec Nora qui craque : « Je n’ai pas besoin d’être aimée ; j’ai besoin d’être aidée ! » ou avec Henri qui confie son chagrin d’être quitté.
Un montage alerte et habile, fait parfois douter le spectateur : est-on dans le film de Noémie ou dans la vie ? « Si tu acceptes l’incertitude tout devient possible » dit un metteur en scène. Entre comédie romantique et comédie de remariage, sans être vraiment original, ce premier long métrage de Victor Rodenbach a offert de beaux rôles à deux excellents comédiens, Vimala Pons et William Lebghil.
ANNIE GAVA
Le beau rôle, de Victor Rodenbach
En salles le 18 décembre