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Le bon grain marseillais

Avec le festival Kouss·Kouss, la cité phocéenne a célébré un plat totem et ses métissages musicaux 

À Marseille, la fin du mois d’août a désormais le goût du couscous. Depuis plusieurs années, le Kouss·Kouss festival a imposé sa signature gourmande et culturelle dans le calendrier de la ville. Pensé comme une fête populaire et métissée, l’événement fédère restaurateurs, collectifs associatifs et musiciens autour de ce plat commun aux rives de la Méditerranée avec des déclinaisons mondiales.  Bien plus qu’une manifestation culinaire, ce rendez-vous est devenu un symbole de convivialité et d’hospitalité marseillaise, où la cuisine sert de langage universel et de passerelle entre cultures locales et migrantes.  

L’édition 2025 a culminé le 30 août avec une soirée particulièrement attendue sur le Vieux-Port autour d’une riche programmation musicale. Le groupe Moussu T e lei Jovents, né des sillons du Massilia Sound System, a ouvert la soirée, dès l’ouverture du buffet et des 4 000 couscous offerts par la ville. On y retrouve son répertoire mêlant chanson occitane, sonorités créoles et accents méditerranéens. Fondé autour de Tatou, figure charismatique du reggae marseillais, le groupedistille depuis près de vingt ans un son métissé où guitares caribéennes, swing et musiques populaires du Sud dialoguent sans frontières. Leur présence s’impose comme une évidence dans ce festival qui revendique l’hybridation culturelle.  

© S. CH

Musique et brassage

La soirée a également mis en lumière un répertoire, produit de l’exil de nombreux artistes algériens et notamment la grande cheikha Remitti auquel le collectif féminin, Les Héritières rend hommage.   Portées par des voix puissantes et une instrumentation acoustique sous la co-direction artistique de Mustapha Amokrane et de Nassim Kouti, les interprètes revisitent des chants traditionnels d’Algérie avec quelques incises contemporaines. Les puristes du répertoire raï ont toutefois retrouvés les rythmes trépidants des orchestres traditionnels et la sublime interprétation de Cheikha Hadjla, figure du raï authentique, originaire de Sidi Bel-Abès. Sa voix puissante, ancrée dans la tradition des medahettes fait d’elle une emblématique héritière du raï qui a su toucher le cœur du public marseillais dont une grande partie est originaire de l’Oranie.   

Entre revendications d’une mémoire plurielle et recette marseillaise, le festival s’impose comme un manifeste face à tous ceux qui restent figés dans l’illusion d’une culture immuable. Le plaidoyer est claire et sans équivoque, Marseille est une ville de partage et de métissage et sait offrir les plus belles fêtes de France. Autour des assiettes parfumées et des tables collectives, le festival entend rappeler que le couscous, au-delà de ses multiples variantes, est d’abord un geste de partage. Kouss Kouss revendique une identité joyeuse, loin des replis, et affirme Marseille comme une capitale des brassages.

SAMIA CHABANI

Le festival Kouss·Kouss se poursuit jusqu’au 7 septembre, à Marseille.

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