La participation de plus de 150 entreprises françaises et algériennes au Palais de la Bourse de Marseille illustre l’enjeu d’un marché stratégique. Quatrième puissance économique d’Afrique selon le dernier rapport du FMI, l’Algérie poursuit son développement. Son PIB, indicateur économique de production de richesse du pays, équivaut à 224,11 milliards de dollars pour 2023.
Ces rencontres ont mobilisé de nombreux membres de la diaspora algérienne de Marseille, et se sont tenues en présence de Stéphane Romatet, nouvel ambassadeur de France en Algérie, et du consul d’Algérie à Marseille, Imed Selatnia. Elles constituent une opportunité pour le renforcement des relations économiques, malgré des relations diplomatiques complexes sur d’autres dossiers : immigration, Sahara Occidental, rapport Stora relatif aux questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie.
Les deux pays ont cependant toujours maintenu des échanges économiques et commerciaux importants et la France reste le deuxième partenaire économique de l’Algérie après la Chine. Mais suite à la « Déclaration d’Alger pour un Partenariat renouvelé »en août 2022, les échanges entre les deux pays ont connu une croissance régulière pour atteindre 11,8 milliards d’euros en 2023, soit une augmentation de 5,3 % par rapport à 2022. Les entreprises françaises sont présentes en nombre en Algérie, avec un intérêt accru pour un marché en croissance, avec des avantages significatifs. Une main d’œuvre de qualité et bon marché, une proximité géographique avec l’Europe, des infrastructures portuaires et aéroportuaires importantes, un bon réseau autoroutier et un prix de l’énergie défiant toute concurrence.
Repatriation ?
Ces rencontres ont pour objectif d’accompagner les entreprises françaises, notamment celles de la Région Sud, dans leurs projets d’investissement en Algérie. On peut citer, à titre d’exemple, le potentiel de développement pour le Grand Port Maritime de Marseille et le Marché d’Intérêt National (MIN) des Arnavaux dans le domaine de l’agroalimentaire. Didier Ostré, nouveau directeur du MIN, s’est montré disposé à accompagner les entreprises, des deux côtés de la Méditerranée, à la mise sur le marché français des produits agricoles algériens. Les enjeux euro-méditerranéens de décarbonation de l’économie et de transition énergétique et numérique ont également été évoqués.
Il est à souligner la présence nombreuse des membres de la diaspora algérienne de Marseille. S’appuyant sur les récentes mesures incitatives en faveur de la création du statut d’auto-entrepreneur, beaucoup de binationaux y voient l’occasion de participer au développement économique de leur pays d’origine. Cette dynamique donnera-t-elle l’occasion d’assister au renouvellement des échanges entre les deux rives, ou à une forme de repatriation, cette migration de retour actuellement en hausse, même si elle reste très marginale ? L’avenir le dira.
SAMIA CHABANI