Art-énergie
La Relève#6 est l’exposition collective d’artistes visuels diplômé·e·s d’école d’art depuis 3 ans maximum, autour de la thématique « Énergie »
À art-cade – Grands Bains Douches de la Plaine le lien à la thématique ne se lit pas toujours de façon évidente. On peut rester par exemple interrogatif à l’entrée de l’exposition devant l’empilement vertical des Cantines métalliques de Sebastien Varnhust, reposant sur un plateau à roulette. Empilement imposant, jusqu’au plafond, bloquant en partie l’accès à l’exposition. En obtenant une feuille de présentation, on lit : « Les cantines sonorisées deviennent caisses résonances inquiétantes, les vibrations tambourinent, traversent la matière de cet amas métallique devenu unité ». Voilà, il suffit de demander, pour ce que ce soit branché !
Mais l’interrogation revient plus loin devant Ofrendas de Carlota Sandoval Lizarralde : un tasseau de bois fixé en hauteur, sur la largeur de la galerie, où sont suspendus divers objets colorés (perruque, bouquets de fleurs fânées, couronne de princesse, chapelets, broderies, paille colorée, vierges, photos d’identité, portraits de famille, parapluie d’enfant avec dessins d’arc en ciel, sacs colombiens) sous lesquels il faut passer pour accéder à la suite de l’exposition. Une offrande plastique délicate, accueillante, évocatrice, mais dont on peine à percevoir le lien avec la thématique proposée. Cette fois-ci, rien d’autre ne viendra éclairer notre lanterne.
Une infusion ?
Pour d’autres œuvres, c’est évident. Mais dans Infusion de Louis Post, c’est frustrant. Des sacs à gravats sont rassemblés au sol, remplis de terre, foisonnant de sauge, de romarin, de thym et de thym citron, placés sous des lampes de croissance. Une paire de ciseaux est accrochée au mur. Oui, mais alors ? Réponse : « Louis Post convoque l’utilité passée du lieu : le soin collectif par l’eau chaude. Au sol, des plantes aromatiques prennent racine dans des sacs à gravats, et quelques théières sont prêtes à être remplies. Installation hospitalière, invitation à prendre le temps et une tisane, soigner nos maux et nous réchauffer ensemble au sein des œuvres exposées ». Belle idée, joli geste in-situ, plastique, poétique et politique. Sauf qu’il n’y a aucune théière autour des sacs… Il faudra repasser pour se faire une tisane !
Tout aussi pertinent et politique, mais en plus sombre et rageur, Le rêve des machines (RH), de Jules Cartier évoque lui, à travers un vélo transformé en une sorte de tank-prison individuel, accompagné d’une série d’images d’accidents de vélos réalisés par une IA imprimées sur toile, la condition de coursier à vélo, « moteur de sa propre économie ».
MARC VOIRY
La Relève#6 Jusqu’au 24 février art-cade – Grands Bains Douches de la Plaine Jusqu’au 23 mars Château de Servières https://journalzebuline.fr/programme-de-cloture/