Marseille Concerts, toujours à l’affût des grandes musiciennes, a accueilli Khatia Buniatishvili
Sous le vernis de sa virtuosité, Khatia Buniatishvili cache un monde secret : celui d’une intensité contenue, comme une rivière prise dans la glace. Son récital à l’Opéra de Marseille l’a confirmé : dans la Sonate en si bémol majeur D.960 de Schubert, dernière œuvre du compositeur, tout semblait suspendu, pétrifié par l’hiver – et pourtant, sous la surface, la vie coulait !
Cette sonate, écrite entre Vienne et les montagnes du Salzkammergut, porte la trace de ces voyages tardifs : l’éclat d’une lumière d’altitude, la mélancolie d’un adieu sans fin. Buniatishvili en livre une lecture frémissante, pudique et vibrante, où le flux intérieur, toujours retenu, finit par éclater dans une respiration de tendresse. Puis vient la joie retrouvée : l’Impromptu, espiègle, presque mozartien, où l’on entend Schubert sourire à nouveau.
Avant que la pianiste n’enflamme la salle avec les deux Lieder transcrits par Liszt, Marguerite au rouet et Ständchen, d’une intensité quasi opératique : Marguerite semble crier, puis s’effondrer, et le piano s’y fait souffle humain. Chez Liszt, Buniatishvili retrouve sa pleine liberté : Consolation n°3, prière suspendue, puis éclat radieux de la Rhapsodie hongroise n°6 virtuose mais jamais démonstrative.
En bis, un Marcello/Bach d’une sincérité bouleversante : émotion pure, sans fard. Et, pour ne pas se quitter sur des sanglots, l’apogée riante et joueuse de la Rhapsodie hongroise n°2, aux accents presque hollywoodiens.
SUZANNE CANESSA
Le récital de Khatia Buniatishvili a été donné le 5 novembre à l’Opéra de Marseille
Gaëlle Solal, cordes sensibles
Marseille Concerts accueille cette semaine une autre grande voyageuse : Gaëlle Solal, guitariste née à Marseille, passée par le Conservatoire de Paris et lauréate du concours Michele-Pittaluga. Installée entre Séville et Cordoue, elle revient sur scène avec un programme solaire, hommage à Villa-Lobos, Jobim, Nazareth, Gismonti et Dyens — toute une géographie du Brésil. Engagée pour la visibilité des femmes musiciennes à travers son association Guitar’Elles, Solal joue elle aussi une musique de partage, ardente et généreuse.
S.C.
15 novembre
Palais du Pharo, Marseille
16 novembre
Magic Mirrors,Istres
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