Zébuline. Pourquoi avoir voulu organiser ce Fonky Festival de Mars ?
DJ Djel. J’ai voulu l’organiser parce que j’ai fait le constat qu’il y a aujourd’hui beaucoup d’artistes qui produisent énormément de musique, qui ont des millions de vues sur Youtube, sur Spotify, mais qui ne tournent pas trop… Alors je me suis dit : pourquoi ne pas mettre les artistes de ma ville en avant ?
À Marseille, il y a déjà les rendez-vous Hip Hop Society et Hip Hop Non Stop, comment votre festival va-t-il se démarquer ?
C’est très différent. Déjà c’est quelqu’un de cette culture qui le fait. Ce qui n’est pas le cas pour des deux autres, il me semble. Moi je suis un artiste de la ville, je fais ça depuis plus de 40 ans. Je transmets, j’invite des groupes que je mets en avant, j’en ai produit certains puisque j’avais un label. La différence avec ces deux festivals c’est que c’est 100% rap marseillais. On ne fait pas de programmation avec des artistes extérieurs, on fait la programmation de nos artistes de la ville et de sa région. On se veut promoteur de l’espace culturel et de l’identité du rap marseillais avant tout. Cependant on n’est pas fermés au reste du hip-hop, il y aura un contest de danse le vendredi, et du DJing aussi…
Sans compter les DJs, il n’y a que deux rappeuses programmées sur les 23 artistes. Comment expliquez-vous cette absence de parité ?
Est-ce qu’on organise quelque chose pour faire de la parité ou est-ce qu’on organise quelque chose avec des gens qui sont actifs ? Si je fais un truc, je ne me dis pas qu’il faut qu’il y ait 50% de femmes, 50% d’hommes, je suis pas dans cette politique-là. Je vais prendre les artistes qui me parlent et qui sont le plus actifs. Pour moi, les femmes les plus actives qui font du rap aujourd’hui à Marseille sont Lanksy Namek et Soumeya et s’il y en avait plus, je serais allé les chercher.
Il n’y a pas plus de femmes actives dans ce milieu-là ?
Non, mais c’est comme ça. Dans la danse classique par exemple, il n’y a pas beaucoup d’hommes. Il faut arrêter avec cette histoire de parité, cette histoire de « rap machiste » qui dit que, parce que c’est du rap, il y aurait beaucoup trop d’hommes. C’est quelque part une espèce de pseudo-racisme ou de pseudo-xénophobie [Zébuline pose cette question à tous les opérateurs culturels, ndlr]. Aujourd’hui, il y a des femmes qui font beatmaker, qui font « DJette »… je pense qu’il n’y en a pas assez, mais il y en a quand même. C’est comme dans tout, quand tu fais la différence et que tu arrives à percer, on entend parler de toi que tu sois un homme ou une femme… une personne de petite taille, valide ou invalide. Je n’ai trouvé que deux femmes cette année, j’espère quand même en mettre plus les prochaines fois.
En quoi un tel festival est important ?
Parce que c’est un festival qui est fait pour nous, mais pas que pour nous. Venez à Marseille, venez voir les artistes, la richesse culturelle qu’il y a, et évidemment le graf, venez voir ce que l’on a à vous proposer dans le rap, dans l’humour, dans l’art, dans la peinture. C’est très riche.
ENTRETIEN RÉALISE PAR RENAUD GUISSANI
Fonky Festival de Mars
12 et 13 avril
Cabaret Aléatoire, Marseille