Du 29 novembre au 6 décembre, l’Alcazar, la mairie du 1/7, le Mucem et l’Artplexe accueillent la 29e édition du PriMed,et offrent 30 heures de projections publiques et gratuites
Soutenu par la Région Sud et la Ville de Marseille, porté par le Centre méditerranéen de la communication audiovisuelle (CMCA), le PriMed, Festival de la Méditerranée en images, repose sur le travail de trois sélectionneurs : sur 548 films documentaires reçus venus du monde entier, 25 sont retenus, se déroulant dans 15 pays méditerranéens. Reposant sur un partenariat avec France Télévision, la Raï, l’Ina, l’Union des diffuseurs des États-Arabes, le PriMed remet chaque année douze prix.
Quatre sont décernés par un jury professionnel présidé cette année par Daphné Rozat. S’y ajoutent le prix du public pour le « court », trois prix à la diffusion remis par les chaînes télé, et le prix « Moi, citoyen méditerranéen » et le « Prix des jeunes de la Méditerranée » délivré par un jury de lycéens des deux rives. Ce projet implique 3 000 lycéens de la Région Sud, d’Egypte et d’Italie dans une action qui tient de l’éducation à l’image et à la démocratie.
Deux masterclass porteront sur les trois films de cette sélection : Algérie, section armes spéciales de Claire Billet qui revient sur l’utilisation par l’armée française de gaz toxiques en Algérie. À vol d’oiseau de Clara Lacombe où un immigré guinéen clandestin croise la route d’un ornithologue, et Born to fight de Ala’A Moshenitinéraire d’une championne de kickboxing tunisienne.
Les thèmes sont graves
La question israélo-palestinienne bien sûr. Holding Liat de Brandon Kramer suit une famille, fracturée comme la société israélienne entre laïques et religieux, dans son combat pour la libération de deux des siens, otages du Hamas. Ou, en regard, Life and death in Gaza, filmé par quatre familles gazaouies qui chroniquent leur quotidien sous les bombes.
Dire la guerre encore avec Green Line de Sylvie Ballyot à travers le traumatisme de Fida dans l’enfer rouge de Beyrouth. Ou découvrir le procès des soldats israéliens coupables du massacre de 49 paysans du village de Kafr Qasim en 1956 (The 1957 Transcript d’Ayelet Heller).
Il s’agit aussi de partager les luttes citoyennes contre la pollution d’une cokerie en Bosnie-Herzégovine (Le Ciel au-dessus de Zenica de Nanna Frank Møller et Zlatko Pranjić) Ou de constater la force des photos de Letizia Battaglia pour dénoncer les crimes de la Mafia sicilienne. De s’attacher au destin particulier d’une jeune fille mal aimée, filmée sur dix années parIsabelle Tent (Alice par ci, par là). Ou de rencontrer avec House with a voice, les Burrneshas d’Albanie, ces « vierges jurées » qui renoncent à la sexualité pour vivre comme des hommes. Dans tous les cas, ces films donnent le temps de construire une réflexion au-delà de l’actualité saisie par flashes.
Au programme également deux projections-débats : la première posera la question de l’apprentissage de la langue arabe dans les écoles françaises, autour du film de Jaouhar Nadi : Mauvaise langue ; la seconde parlera des violences faites aux femmes, à partir du film de Nadia Zouaoui : La promesse d’Imane, féministe algérienne, blogueuse engagée, morte à 26 ans.
L’espérance est têtue
Mais la vie s’impose contre la fatalité du malheur, tel le Don Quichotte mis en lumière par le Mucem dans Je suis la nuit en plein midi de Gaspard Hirschle, flanqué de son écuyer, livreur de pizza, Sancho. Sus aux résidences fermées de Marseille, traduction du cloisonnement social !
Allégorie d’un idéal jamais vaincu, comme le gabian de la paix sur l’affiche de cette nouvelle édition du PriMed. Un gabian qui vaut bien une colombe.
ELISE PADOVANI
PriMed
Du 29 novembre au 6 décembre
Divers lieux, Marseille











