Elsa & Johanna sont un duo de photographes, performeuses, réalisatrices trentenaires françaises, se mettant en scène dans des séries de photographies intrigantes, interprétant différents rôles de femmes anonymes et silencieuses, prises dans des environnements le plus souvent domestiques. Des photographies d’où émanent souvent des sentiments de solitude, mélancolie, inquiétude, comme extraites d’un film de fiction ou d’un album de famille rejoué, convoquant des impressions de déjà-vu, hésitant entre souvenir, rêve et réalité.
Séquence
C’est notamment le cas avec une dizaine de photographies extraites de la série Séquence exposées dans l’entrée, réalisée lors d’une résidence en 2023 dans le Perche. Dans des paysages agricoles, forestiers, vallonnés, et des lumières estivales, Elsa et Johanna sont deux ménagères dans un champ près d’un fil à linge regardant au loin. Ou, en solo, une femme avançant immergée à mi-corps dans un champ de blé, une autre courant à toute allure au milieu d’une route, ou se penchant attentivement en contre-plongée au-dessus de fleurs sauvages, attendant au bord d’une route de campagne déserte, ou en compagnie d’un homme près d’une voiture en panne. À la fois indices, fragments d’une histoire à recomposer ou imaginer.
Silence
Les autres espaces d’exposition, soigneusement scénographiés (cimaises carrelées, murs et sol moquettés…) accueillent des images de séries plus anciennes : Les Douze heures du Jour et de la Nuit, six portraits posés en noir et blanc, pris chacun dans un espace domestique particulier, ou, dans un accrochage en constellation Beyond the shadows, autoportraits réalisés à Calgary au Canada et The Timeless story of Moomerland sorte d’album de famille relié à une petite ville allemande à la frontière avec les Pays-Bas.
Cette série donne d’ailleurs lieu à un diaporama accompagné d’une musique planante générée par intelligence artificielle, et d’une voix synthétique, parlant des personnalités qu’on peut déduire de la morphologie d’un front.
Une autre proposition est également sonore : une vidéo de 30 minutes diffusée en boucle sur un moniteur posé au sol, rassemblant plusieurs courtes vidéos réalisées entre 2014 et 2016. Chacune étant comme un petit bloc de brefs moments rassemblés, de sensations fugaces,prises en milieu urbain, avec bruits d’ambiance. Les deux protagonistes y figurant ne parlant jamais, échangeant juste des regards, des attitudes, des gestes.
MARC VOIRY
Lost and found
Jusqu’au 27 septembre
Centre Photographique Marseille
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