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Les yeux en Ukraine

Après plusieurs fictions, Antonin Peretjatko réalise avec Voyage au bord de la guerre son premier documentaire

Des images de la Russie d’il y a 15 ans, et une voix off commente ironiquement. « J’ai pris le Transsibérien par soif de liberté, idée assez farfelue… Le wagon restaurant sert aux heures de Moscou, car on ne contredit pas Moscou surtout quand on est une petite république… » Cette voix qui semble parler tout près de nos oreilles, tantôt moqueuse, tantôt ironique voire sarcastique, mais toujours engagée, va nous accompagner tout au long du documentaire d’Antonin Peretjatko,Voyage au bord de la guerre.

Tout commence le 24 février 2022, quand la Russie envahit l’Ukraine. D’origine ukrainienne, le réalisateur décide d’aller sur-place, et filmer avec une caméra 16mm pour « déjouer le formalisme et la façon de penser » du numérique. Il part donc le 15 mai, 6 h du matin, avec son ami, Fred Karali et Andreî, un instituteur  réfugié ukrainien, retournant à Lviv pour récupérer  quelques affaires. Ils vont traverser l’Europe et arrivent dans un pays en guerre, une guerre « invisible et omniprésente », la nouvelle figure de la guerre « entre Verdun et Star Wars ». 

De longs travellings en voiture en montrent les traces, les cicatrices de plus en plus visibles : immeubles éventrés, façades en dentelles, barrages routiers, rues désertées. On va de ville en ville, Kyiv, Kherson, Marioupol, Boutcha… Les Ukrainiens rencontrés au cours du voyage racontent leur guerre, parlent des soldats russes : Certains tiraient sur les gens pour s’amurer, d’autres volaient des robinets, ou demandaient s’ils pouvaient regarder des VHS.

Ruslan le directeur de l’école de marionnettes de Kiev était à Boutcha au moment de l’attaque et évoque ses élèves qui lui demandaient conseil pour s’échapper de cet enfer. Ella,la poète, traductrice et musicienne partie d’Irpin un jour avant la guerre, évitant ainsi l’exode, n’a retrouvé à son retour que des plantes mortes, de la poussière et la tristesse de ne pouvoir se balader en forêt à cause des mines : « Il reste des photos avec des trous à la place des visages » plan récurent du film.

« La recherche de ses racines est un piège où on risque de s’enfermer en cherchant quelque chose qui n’existe plus. L’exode nous coupe de nos origines. On devient étranger partout », confie le cinéaste qui a renoncé à retrouver le village de son grand-père et qui a vu tout au long de son voyage beaucoup de candidats à l’exil forcé ou volontaire.

Des images de guerre, on en voit hélas beaucoup : « Etrange attrait qu’ont les hommes pour les catastrophes, pleurs sang, mort, bombes, destruction ! », mais tout l’intérêt de ce voyage au bord de la guerre est le choix qu’a fait le cinéaste de prendre le public par la main avec tendresse, de nous montrer les traces, de nous faire rencontrer des gens qui ont vécu, vivent encore ce drame, nous incitant à ne pas fermer les yeux

ANNIE GAVA

Voyage au bord de la guerre, Antonin Peretjatko
En salles le 18 juin

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