Don Juan joué par une femme, c’est inattendu ! Et c’est Valérie Bournet qui l’incarne avec une gouaille et une fantaisie extraordinaires, moustache séductrice, immaculé costume satiné. Totalement investie par son personnage, la comédienne joue avec jubilation, tandis que le public la suit avec enthousiasme.
Reprenant le texte de Molière avec quelques coupes nécessaires et quelques ajouts qui l’actualisent, Valérie Bournet et Philippe Car, codirecteurs de l’Agence de Voyages Imaginaires, ont assuré l’écriture et la mise en scène. Les quatre autres comédien·ne·s se partagent tous les autres personnages avec changements rapides de costumes, grimages, faux-nez, perruques, accompagnés des compositions musicales de Vincent Trouble. Car les comédiens sont pratiquement tous musiciens. La scénographie est elle aussi énergique : cinq tableaux différents, manipulés en direct, enchantent par leur poésie évocatrice, comme la barque de l’amoureux éconduit, ou la forêt de feuilles translucides.
Violeur impuni
Mais contrairement au final de Molière, un pacte avec le Diable permet au séducteur de revenir à la vie en se félicitant : car il a « encore beaucoup de mal à faire. » Endiablé donc, il repart à l’assaut du premier jupon qu’il croisera, au grand désespoir de Sganarelle.
À la sortie, comédien.ne.s / musicien.ne.s se rassemblent sur la place pour un concert offert au public et aux passants. Ambiance festive assurée malgré le malheur de l’incendie qui a ravagé Pôle Nord, leur lieu de création, et la maison de Valérie Bournet. (voir p 5)
CHRIS BOURGUE
Don Juan-Un cœur à aimer la terre entière ?
jusqu’au 26 juillet à 17h40
Théâtre des Carmes
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