Weather, première exposition personnelle en France de l’artiste cinéaste et vidéaste Yuyan Wang, a été conçue spécialement pour le 3 bis f à Aix-en-Provence
Exposition in-situ, soutenue par le dispositif « Carte blanche aux artistes » de la Région Sud, Weather de Yuyan Wang est un projet qui prend place à la suite de la résidence de création d’un mois et demi de l’artiste au 3 bis f, ponctuée par des sessions (moments de partage collectif de la création).
Le travail de cette artiste vidéaste née en Chine et installée en France, diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2016 et du Fresnoy – Studio national des arts contemporains en 2022, « explore la transformation des matériaux issus de l’industrie de l’image, qu’elle déconstruit et ré-agence par le montage, et convertit en expériences sensorielles immersives ».
À l’entrée du 3 bis f, un extrait du poème Chant du matin de Sylvia Plath, projeté sur un mur : « Je ne suis pas plus ta mère/Que le nuage qui distille un miroir où longuement se refléter/Avant de disparaître au gré du vent ».
Quatre lunes
L’espace d’exposition du 3 bis f, plongé dans la pénombre, est occupé au centre par un banc circulaire en bois brûlé, une œuvre de l’artiste Sandar Tun Tun. Sur les murs tout autour a été collé un papier peint réalisé par Yuyan Wang, déroulant un paysage nocturne au noir profond, troué de lumières incandescentes comme des braises, dans ce panorama à la fois urbain et naturel. Sous un ciel accueillant quatre lunes, on distingue en s’approchant des silhouettes humaines au-dessus d’une baie tranquille, une voiture, un téléférique surplombant des immeubles, des palmiers, de la neige recouvrant des arbres, des silhouettes dans une forêt et ce qui semble être une épave sous-marine.
Appuyés au sol et contre ce paysage enveloppant à 180° l’espace d’exposition, trois écrans vidéo verticaux, tels des écrans de smartphones géants, diffusent les séquences vidéos collectées par l’artiste sur les réseaux sociaux, circulant d’un écran à l’autre, parfois floutées. Chacune présentant, à différentes échelles, dans un zapping permanent, un « spectacle » : de nombreux levers et couchers de soleil, des phénomènes naturels menaçants : vents violents, tremblements de terre, inondations, éboulements, chute de grêle, tornades, éruption volcanique, avalanche. Mais aussi des immeubles vertigineux surplombant la progression d’une mer de nuage, différentes machines et technologies en action, des déchets, des ruines, des groupes de personnes ou d’animaux, des nuages d’insectes, d’oiseaux.
De l’autre côté de la salle d’exposition, deux encadrements de portes de cellules l’une à côté de l’autre servent de cadre à deux écrans de toile sur lesquels sont projetées dans une lumière blanche en ombres chinoises des silhouettes d’insectes (principalement des papillons de nuit), immobiles ou progressant lentement sur leur surface. Accompagnées de sons brefs, diffusés depuis l’intérieur des cellules, mini-événements coupés par de larges plages de silence, sons d’eau, craquements, frottements, petits éclatements.
MARC VOIRY
Weather – Yuyan Wang
Jusqu’au 21 mars 2026
3 bis f, Aix-en-Provence
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