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Noël à Miller’s Point : un conte à rebours

Dans son troisième long-métrage, Tyler Taormina filme le réveillon de Noël d’une famille américaine moyenne. Avec tendresse et brio

Avec son titre de comédie romantique ou de conte, Noël à Miller’s Point cache bien son jeu. Si le réalisateur Tyler Taormina assume une esthétique qui se veut « un câlin réconfortant dans une nuit froide », il introduit dans son film une mélancolie tenace et se démarque des conventions en télescopant le sitcom-pub et le cinéma européen des années 1990. Les tubes folk, country, pop et rock des sixties s’enchaînent, coulant en sirop doux-amer.

C’est la belle nuit de Noël pour une famille italo-américaine de la middle class. On est dans une petite ville de Long Island, enguirlandée de lumières. Frères, sœurs, oncles, tantes, mères, grands-mères, cousin·e·s, toutes générations confondues se réunissent comme tous les ans dans la grande maison familiale. Sapin scintillant, cadeaux joliment empaquetés, orgie de décorations et de victuailles.

Pas de miracle

Les groupes se forment. Les parents parlent de leurs ados récalcitrants : les mères entre elles, les pères entre eux, cigare à la bouche. Les enfants chahutent. Les plus grands sont aux sticks. On se perd un peu dans le désordre et le mélange des membres de cette tribu. Du collectif se détachent quelques figures : Emily en révolte contre sa mère, un jeune garçon un peu décalé, la fratrie en désaccord sur le sort de leur mère en perte d’autonomie et sur la vente de la maison où ils fêtent peut-être leur dernier réveillon commun. La matriarche les regarde, déjà ailleurs. La soirée se déroule selon des rituels immuables. On ripaille. On rend hommage aux morts. On attend le char du père Noël. Un train passe dans la nuit. On regarde photos et films souvenirs. On se reconnaît. On rit. Les ados se font la malle dès qu’ils le peuvent pour s’inventer leur Noël à eux sous la neige et en couple dans l’habitacle des voitures. Figures burlesques, deux policiers patrouillent en anges gardiens lunaires.

Le point de vue change sans cesse ; la caméra déconstruit l’image, la floute, cadre des détails, la lumière explose en fragments kaléidoscopiques comme les émotions. Aucun récit linéaire ne se construit dans cette juxtaposition de scènes et de tonalités. La répétition des traditions familiales et des révoltes adolescentes n’enferme pas le temps dans un cycle, il passe sans retour, ni miracle fut-il de Noël.

ÉLISE PADOVANI

Noël à Miller’s Point, de Tyler Taormina
En salles le 11 décembre

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