La compagnie de Philippe Car et Valérie Bournet pratique avec virtuosité le partage du répertoire théâtral savamment mis à portée d’émotion, de compréhension et de rire de tous les publics. Molière ou Rostand en ont brillamment fait les frais, et c’est avec la même jubilation du récit que l’Agence s’est attaquée aux anecdotes de l’histoire des Jeux olympiques.
Labellisé Olympiade Culturelle par la Ville de Marseille et l’État, soutenu par le Département et la Région, le projet Gagner une médaille s’est déployé dans l’espace public durant quatre journées. Malheureusement le temps pluvieux et l’absence de communication ne lui ont pas permis, même sur la place de la mairie, de trouver une l’audience publique qu’il aurait méritée. Paradoxe d’une forme qui se veut populaire mais rassemble moins que dans un lieu dédié.
Rythme sportif
Ce marathon théâtral – 3 heures de spectacle chaque jour – fait de 17 séquences de 3 minutes qui tournent sur 5 podiums disposés au cœur d’un stade reconstitué, file une métaphore de résistance sportive : celle de Jesse Owens qui fit partir Hitler du stade en 1936, celle du poing levé contre la ségrégation, mais aussi la volonté individuelle d’un marcheur rapide seul dans sa compétition, d’une remplaçante de foot qui reste sur le banc de touche, d’un judoka qui n’emporte pas de médaille… Les personnages sont dédoublés : un comédien porte sur scène le corps et les gestes de l’athlète, un autre, voix off en live, déroule son monologue intérieur et plonge le public dans sa tête, son combat, sa passion. Car l’exploit du sport se puise dans la force « mentale » comme disent les commentateurs. Le corps et l’esprit plongés ensemble dans l’Olympiade ?
AGNÈS FRESCHEL
Gagner une médaille s’est joué du 25 au 28 avril sur la place Bargemon, Marseille.