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Pas d’avenir sans assos

Le tissu associatif français, indispensable au quotidien de tous et toutes, est gravement mis en danger par le Projet de Loi de Finances 2026. D’autant qu’il s’inscrit après une longue série de restrictions, et au cœur d’une situation internationale de désengagement humanitaire

Le tissu associatif français, indispensable au quotidien de tous et toutes, est gravement mis en danger par le Projet de Loi de Finances 2026. D’autant qu’il s’inscrit après une longue série de restrictions, et au cœur d’une situation internationale de désengagement humanitaire

Sidaction a changé son logo pour un Sidération explicite. Le 11 octobre le secteur associatif, regroupé à l’initiative du Mouvement Associatifétait dans la rue, pour exprimer cet état de stupeur qui s’est emparé des assos face aux prévisions concrètes du Projet de Loi de Finances 2026. Car pour ce qui est de l’aide au développement, celui-ci s’inscrit dans un contexte international où la France s’honorerait à contrebalancer les choix états-uniens, mais où elle choisit au contraire d’emboîter son pas imbécile [voir encadré].

Un tissu indispensable…

Le Mouvement Associatif, qui regroupe et coordonne la vie associative, rappelait lors de la manifestation quelques chiffres qui parlent d’eux mêmes : les associations à but non lucratif regroupent en France 90 % des clubs sportifs, 80 % des établissements culturels et festivals, 90 % des établissements d’accueil des enfants handicapés, 50 % des centres aérés et accueils collectifs de loisir, 40 % des crèches, 30 % des EPHAD, 10 % des hôpitaux… Que serait notre société sans leur secours multiforme ?

À but non lucratif mais acteur essentiel de l’économie, le secteur associatif emploie près de 2 millions de salariés et plus de 20 millions de bénévoles. Il remplit des missions d’intérêt général, d’utilité sociale et pallie très souvent les carences des services publics en matière de sport, de culture, de santé, d’accueil des personnes dépendantes et des enfants. Et coûte beaucoup moins cher : les personnels y sont moins bien payés… quand ils ne sont pas bénévoles.

Pourtant, malgré l’évidence du caractère indispensable d’un secteur qui coûte bien moins qu’il ne rapporte, c’est encore et toujours sur lui que pèsent les restrictions budgétaires : il reste dans l’angle mort du système capitaliste puisque structurellement non lucratif, donc par essence incapable de fournir des dividendes et d’entrer au CAC 40. Invisible, sans poids capitalistique, personne ne réagit à son massacre.

… qui craque de toute part…

« Ça ne tient plus ! ». Le mot d’ordre du Mouvement Associatif le 11 octobre alerte avec des chiffres très concrets : les liquidations d’associations françaises se multiplient (489 liquidations en 2024, 856 en redressement judiciaire), 50 % d’entre elles ont subi des baisses de subventions, plus de 70 % des baisses de dons de particuliers et de mécénat, 1 association sur 10 a procédé à des licenciements économiques dans l’année, 90 000 emplois sont directement menacés, 1/3 des associations a moins de 3 mois de trésorerie, et 40 % d’entre elles ont renoncé à des activités pour tenir.

Ce bilan est le résultat d’une lente érosion suivie d’un coup de frein inédit : la fin des aides à l’emploi a déjà fortement impacté le secteur associatif, et le désengagement de l’État prévu en 2026 peut provoquer une ultime secousse dans un secteur extrêmement fragilisé : le PLF 2026 agit très directement sur les associations nationales en rabotant de 17,6 % l’aide aux associations sportives, de 5,4 % l’aide aux associations culturelles, de 54 % les aides à l’Économie sociale et solidaire (ESS). Benoît Hamon, Président d’ESS France, parle très clairement d’« enterrement de première classe de la stratégie nationale de développement de l’ESS demandée par l’Europe à la France », alertant sur des « conséquences démocratiques et sociales vertigineuses ».

…et atteint tout le pays

Mais les conséquences les plus graves seront sans doute celles qui contraignent les collectivités publiques à des économies qu’elles ne peuvent tenir qu’en les répercutant sur les subventions : demander aux Départements, en charge de l’aide sociale, aux Villes, en charge de la petite enfance, aux Régions, en charge de la jeunesse et de l’ESS, de restreindre leurs budgets, les contraint à opérer à des coupes conséquentes dans des politiques publiques essentielles qu’elles ont confiées aux assos, faisant ainsi de substantielles économies dans les dépenses publiques territoriales.

Contrairement à l’État, les Collectivités ne peuvent proposer de budgets déficitaires, et chaque économie se compense par une coupe dans une politique de soutien. Et les collectivités ont aussi des compétences partagées en matière de culture et de sport, de lutte contre les préjugés, contre la pauvreté, d’aide alimentaire, de l’accueil des victimes de violences, de la facilitation de la vie des handicapés et de leurs aidant·e·s, mais aussi des associations de commerçants, d’artisans, de soignants, d’aides aux devoirs, d’accueil de jour…

Autant d’activité non lucratives, mais dont la fin coûtera très cher, humainement et économiquement. Et qui condamnent l’avenir bien plus sûrement qu’une dette publique ou qu’un fantasme de fuites des capitaux.

Epidémie d’imbécillité
Le retrait de l’administration Trump de l’aide internationale au développement met le monde en danger avec un cynisme qui n’a d’égale que la bêtise intense de décisionnaires abrutis par la haine : arrêter les campagnes de vaccination, ou abandonner les porteurs du VIH africains et asiatiques à l’absence de traitements condamne des millions d’hommes, de femmes et d’enfants. 14 millions d’humains, dont un tiers d’enfants d’ici 2030 d’après les prévisions de l’OMS.

La France, au lieu de chercher à compenser ce désengagement, emboîte le pas du chef d’État hors de contrôle et à une Europe soumise : le Projet de loi de finances (PLF) 2026 prévoit une baisse de 19 % par rapport à 2025, ce qui porte la baisse cumulée de l’aide pour le développement entre 2024 et 2026 à plus de 2,2 milliards d’euros.

Un coup très dur pour les ONG mais surtout pour les peuples à l’heure où les guerres s’installent, les catastrophes climatiques s’enchaînent, des épidémies nouvelles menacent et où un génocide reconnu est en cours. Et puisque les maladies transmissibles ne s’arrêtent pas aux frontières et que les humains ont naturellement tendance à fuir la misère et la mort, les pays européens seront touchés par ces épidémies qui s’annoncent, ces rescapés qui émigrent.

Le monde est global, il est temps que les capitalistes prennent conscience que les virus circulent aussi bien que l’argent, et que les frontières sont bien plus artificielles que l’instinct de survie.
Agnès Freschel

Pour plus de précisions lemouvementassociatif.org
Visuel du Mouvement associatif appelant à la mobilisation © X-DR
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