dimanche 25 août 2024
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Pichon conjugue Mozart au plus-que-parfait

La Clémence de Titus, dernier opéra de Mozart, donné en version concert, a vu le triomphe de la mezzo Marianne Crebassa, sous une direction musicale exemplaire

Dernière œuvre programmée au Festival d’Aix, La Clémence de Titus au Grand Théâtre de Provence alignait ce qui se fait de mieux en cette matière si mozartienne. On peut parler de clôture de Festival en splendeur ! Une direction musicale d’une rare intelligence et d’une sensibilité de chaque note et une distribution, n’ayons pas peur des épithètes, exceptionnelle.  Avec ce dernier opéra, Mozart revenait au genre « seria », et l’ouvrage est un peu délaissé au profit de sa Flûte, mais contemporain du Requiem et du concerto pour clarinette. Une ultime et riche année créatrice pour Mozart. 

Dès les premiers accords de l’ouverture on comprend vite que Raphaël Pichon et son Ensemble Pygmalion (les maîtres d’œuvre de la résurrection du Samson de Rameau) sont partis prestissimo pour décaper le genre un rien compassé de l’opera seria. Le chef, avec une rare acuité musicale, dégage l’ouvrage de la gangue de marbre antique dont on l’affuble trop souvent. Il lui redonne chair et sang. Un peu comme lorsqu’on restaure un tableau, lui ôtant la patine vernissée qui l’assombrit,  on en ravive la fraîcheur des couleurs et l’intensité des contrastes. C’est d’une légèreté insoupçonnée et d’une sensualité, d’une vivacité de chaque instant. 

Triomphe  de Marianne Crebassa

Les voix alignées pour cette version concertante sont elles aussi à la hauteur du défi. Le ténor Pene Pati dans le rôle titre du débonnaire empereur Titus joue d’un timbre on ne peut plus mozartien. Karine Deshayes en grande forme est une Vitellia dont l’autorité et la virtuosité vocale s’imposent dans une partition qui, sous une telle baguette, rejoint déjà ce que seront les Rossini, Bellini et consort. Lea Desandre et Nahuel Di Pierro sont de l’aventure de Samson. Elle, chante un Annio gracieux et virtuose, lui, impose l’autorité d’un Publio d’un fort beau baryton. Emily Pogorelc chante Servilla d’un soprano vigoureux et élégant. L’air de Sesto (Sextius) au premier acte, accompagné à la clarinette, ce soir là, instrument d’époque oblige, au cor de basset est un véritable concerto pour voix et instrument. 

Le duo de la mezzo Marianne Crebassa et de Nicola Boud suspend le temps. On entre dans ce que la musique offre de meilleur. L’équilibre est parfait. Un pur moment de grâce. Le public leur fait un triomphe amplement mérité. Une clôture en beauté pour un Festival d’Aix 2024 en fort bon aloi.   

Patrick De Maria

La Clémence de Titus a été donné le 21 juillet au Grand Théâtre de Provence dans le cadre du Festival d’Aix en Provence

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