mercredi 28 mai 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
AccueilMusiquesPorosité et hybridation

Porosité et hybridation

Consolidant leur rôle essentiel dans la promotion des artistes contemporains d’Afrique et de Méditerranée, Les Rencontres à l’échelle célèbrent leur 20ᵉ édition du 2 au 14 juin 

Les Échelles du Levant, anciens comptoirs d’échanges commerciaux et culturels de l’empire Ottoman, incarnent historiquement les interactions complexes entre les cultures européenne et orientale. C’est à elles que se réfère le nom même du festival, Les Rencontres à l’échelle, qui célèbre, à partir de Marseille et de ses diasporas, le Tout-Monde et ses porosités culturelles. Du 2 au 14 juin, les artistes du Sud, des diasporas arabes et africaines, sont valorisés le temps du festival tel un safe space, où les identités et citoyennetés peuvent coexister sans oppositions ni injonctions.

Chemins parcourus

La programmation 2025 revisite des artistes historiquement soutenus par le festival et affirme son rôle de prescripteur. Gurshad Shaheman s’interroge : Comment peut-on être persan ? Pourama Pourama, en mêlant théâtre et récit autobiographique, explore l’exil et l’identité. Il revient aussi sur l’exploration intime des liens familiaux et des souvenirs partagés, avec Sur tes traces en dialogue avec Dany Boudreault.

Ahmed El Attar, metteur en scène égyptien revient avec On the importance of being an arabet nous invite à humaniser l’archétype. Comment être arabe de nos jours, dans un contexte où les vies arabes semblent si peu compter ?

Le chorégraphe libanais Ali Chahrour, avec When I saw the sea, dénonce le système de kafala, dispositif de parrainage dévoyé en outil d’esclavage moderne des travailleuses migrantes. Notons aussi l’hommage rendu à la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum Agmal Layali mixe archives audiovisuelles et musique électronique pour raviver la magie du tarab.

Mémoires et territoires

Cette édition met à l’honneur des artistes interrogeant identité, mémoire et territoire. Déplace de Lenaïg Le Touze et Julie Kretzschmar propose une création sur les mots, entre intime et politique, produite à Mayotte. Les lectures de Sarah HaidarSouad Labbize et Nasri Sayegh offrent un regard sur les expériences méditerranéennes contemporaines. Smuggled Tea Time de Fatih Gençkal et Mustafa Zeren explore la danse depuis les marges. Who killed Youssef Beidas ? de Chrystèle Khodr déconstruit les liens entre capitalisme et amours manquées.

La clôture sera marquée par le concert donné sur le toit de la Friche – produit en lien avec l’AMI – qui invite Shereen SuleimanMakimakkuk et Isam Elias. Cette soirée met à l’honneur la scène musicale alternative palestinienne et libanaise, fusionnant traditions et électronique, subversion poétique et engagement.

Dans l’ombre de l’islamophobie ambiante

En France, la montée de l’islamophobie, récemment dénoncée par des institutions comme la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme se conjugue à un profond mal-être dans les diasporas arabes et musulmanes. Montées des tensions liées aux crimes contre l’humanité et dérives génocidaires à Gaza, crime islamophobe contre Aboubakar Cissé, tensions diplomatiques France-Algérie… Dans ce climat, Les Rencontres à l’échelle ne peuvent se contenter d’un vernis esthétique ou d’un folklore des altérités même si, comme l’a écrit Edward Saïd « L’art ne guérit pas, il donne à penser ».

Ce festival constitue un espace de résistance, un lieu où les artistes arabes et du Sud global peuvent exprimer douleur, exil, guerre, mais aussi joie et beauté. Face à la réduction des mondes arabes et africains à leurs blessures ou leurs aliénations, l’enjeu est de reconstruire un imaginaire commun, porteur de fraternité et de lucidité. Car, comme le disait le poète palestinien Mahmoud Darwich : « La Terre nous est étroite [mais] nous avons sur cette Terre ce qui rend la vie digne d’être vécue. »

SAMIA CHABANI

Les Rencontres à l’échelle
Du 2 au 14 juin
Divers lieux, Marseille
Julie Kretzschmar sur tous les fronts

Fondatrice des Rencontres et figure emblématique de la scène culturelle marseillaise, Julie Krezschmar est depuis octobre 2024 la commissaire générale de la Saison Méditerranéenne2026, annoncée par Emmanuel Macron en 2023. Cette manifestation entend souligner « les forces et les complémentarités culturelles et économiques des pays du pourtour méditerranéen, et leur capacité d’action commune pour répondre aux défis du XXIe siècle ». Elle est aussi partie prenant du nouveau projet à la tête du Théâtre Toursky [lire ici]. 

Retrouvez nos articles Scènes et Musiques ici


Nos articles Diasporik, conçus en collaboration avec l’association Ancrages sont également disponible en intégralité sur leur site

Article précédent
Article suivant
ARTICLES PROCHES
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img

Sylvain Menu : l’histoire d’un héro  

Au coeur du 9e arrondissement de Marseille, le collège de La Gaye a été débaptisé à l’unanimité des élèves et des enseignants en 1982 pour devenir Sylvain Menu, portant...

Science en conscience

Du 10 au 15 juin, Marseille battra au rythme de la science vivante, incarnée, partagée : le Festival Explore revient pour une deuxième édition généreuse et...