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Qui trop embrasse

Avec Nuit d’Octobre, Louise Vignaud et Myriam Boudénia donnent trop de visages au massacre du 17 octobre 1961

On attendait de ce grand spectacle, produit par un centre dramatique national et joué à La Criée, qu’il donne enfin un écho auprès d’une vaste audience à cette page si noire de notre histoire contemporaine. C’est en partie une réussite, et le public du théâtre national de Marseille a été touché par la mise en drame de cette nuit où des centaines de « français musulmans d’Algérie », pacifiques, ont été tués par balles et coups de matraque, jetés à la Seine, torturés par la police française aux ordres de Papon. Pourtant cette histoire récente, aux échos hélas contemporains, ratait en partie son objectif artistique.

Sans nuance

Choisissant volontairement la fiction et récrivant l’histoire avec des personnages plausibles inspirés de personnages réels, les deux autrices voulaient s’éloigner du théâtre documentaire sans renoncer à rendre la complexité des faits et de ses ramifications, ajoutant à cette nuit d’octobre les essais nucléaires au Sahara, le métro Charonne un an plus tard, présentant sans nuance les policiers comme des abrutis fascisants secondés par des harkis cruels. Figurant le poids du silence avec trop de mots, brouillant les pistes au lieu de les éclairer, bousculant la chronologie de digressions, de dialogues avec des fantômes, alourdissant l’espace de décors, de pénombre, de pluie et de sable tombés.

Les comédiens, aux prises avec cette profusion, peinaient à faire naitre l’émotion de leurs personnages. Un constat d’autant plus regrettable qu’il suffirait sans doute de quelques coupures, quelques silences, un autre rythme, quelques moments intimes, pour que cette Nuit d’Octobre voit vraiment le jour.

AGNÈS FRESCHEL

Nuit d’Octobre a été joué du 29 novembre au 3 décembre à La Criée, théâtre national de Marseille. 
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