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Radeau de fortune

François Tanguy propose une œuvre poétique et fragile qui résiste aux vents grâce à une riche charpente littéraire

Ultime création de François Tanguy, metteur en scène emblématique du Théâtre du Radeau, disparu en 2022, Par autan s’appuie sur des textes de Kleist, Shakespeare, Tchekhov, Dostoïevski, Kafka, Kierkegaard et Walser. Prolongement de la pièce Item, présentée un peu plus tôt lors de cette 79e édition du Festival d’AvignonPar autan se donne à voir sous la forme d’une baraque de fortune. Du sol au plafond, l’espace scénique est entièrement habillé de bois. Châssis anciens, plancher usé, meubles fatigués, planches dispersées çà et là : tout participe à construire ce radeau symbolique. Deux de ces planches forment une rampe reliant le bastingage à la terre ferme — métaphore d’un passage initiatique, d’une traversée aux côtés de la compagnie.

Ces rideaux de coton clair qui encadrent de part et d’autre le plateau rappellent les voiles gonflées par le vent. Mais la brise légère se transforme très rapidement en bourrasques, en vent d’autanfaisant dangereusement chanceler les comédiens, tels les marins s’agitant sur un pont fatigué aux prises avec les tourments d’une mer agitée. Il s’agit de lutter contre les forces contraires, invisibles, celles qui nous traversent, qui nous bouleversent, qui nous renversent. La forme rhapsodique du récit ébranle tout autant l’auditoire : on vogue difficilement sur cet assemblage verbal dont seul le capitaine  maîtrise la grammaire. 

Cette croisière interdisciplinaire d’une heure trente ne pouvait faire l’impasse musicale: Bach, Wagner, Bartok, au piano ou en stéréo, la balade est ainsi ponctuée de flots mélodiques qui révèlent la beauté des textes qu’elle exalte. Un tableau du célèbre peintre Paul Klee se dévoile à nos yeux, « l’art ne reproduit pas le visible, il le rend visible » célèbre citation du poète de l’abstraction. Il s’agit de transcender le réel par nos perceptions subjectives, pour mieux en dévoiler ses mystères. Ce radeau est  un manifeste, une déclaration d’amour éternel à l’art qui sauve, à l’art qui lutte. 

MICHELE GIQUIAUD

Par autan s’est joué du 12 au 14 juillet au Gymnase du Lycée Mistral 

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