Le repas chez les Français de VGE de la compagnie Les Animaux en Paradis, une délicieuse comédie politique donnée au Théâtre de La Criée à Marseille
Julien Compani et Léo Cohen-Paperman poursuivent leur série théâtrale « Huit rois » qui dédient une pièce à chaque président de la Ve République. Après Mitterrand et Chirac, c’est à Valery Giscard d’Estaing que s’intéressent les deux auteurs. Pour illustrer le septennat giscardien, ils se sont inspirés de l’habitude qu’avaient prise le président et sa femme Anne-Aymone d’aller dîner chez des concitoyens afin de « regarder la France au fond des yeux ». Une prémisse idéale pour une comédie politique. D’un côté de la table, les vieux agriculteurs de droite, de l’autre, leur fille et son mari rencontré sur un piquet de grève en 1968, et au centre le couple présidentiel qui tente tant bien que mal de contenter tout le monde. L’ensemble est narré par le petit José, et ponctué de reprises plus ou moins à propos de tubes de l’époque qui offrent des respirations bienvenues.
Trivialité et politique
Très vite, le repas s’avère être une métaphore du mandat, et dure par conséquent à la fois deux heures et sept ans, sans que la cohérence narrative ne soit altérée. Nombre de sujets contemporains aux années Giscard sont évoqués : la crise pétrolière, le chômage, le libéralisme… le tout illustré par des scènes triviales comme le partage d’un plat de poisson ou une coupure d’électricité. Les droits des femmes sont aussi un sujet central, mettant bien en avant les limites du progressisme du couple présidentiel, et même des hommes de gauche de l’époque.
Cette accumulation de débat et de situations fantasques pourrait être indigeste si les acteurs n’étaient pas excellents, mais il le sont, maintenant dans leur jeu un brillant (et hilarant) équilibre entre grotesque et subtilité. Une vraie réussite !
CHLOE MACAIRE
Le repas chez les Français de VGE était donné du 1er au 3 février à La Criée, Marseille
Les Animaux en Paradis joueront Le repas chez les Français de VGE le 16 février au Forum Jacques Prévert de Carros.