Créé en 2020, passé par le Théâtre Joliette en 2022, ou par La Garance la saison dernière, Abysses n’est pas le premier texte de Davide Enia porté par Solal Bouloudnine et mis en scène par Alexandra Tobelaim. Leur premier travail commun, Italie Brésil 3 à 2, avait été créé à actoral en 2011 : celle qui est devenue depuis 2020 directrice du Centre dramatique national de Thionville était jusqu’alors directrice de la compagnie Tandaim, basée à Cannes puis à Marseille. Formée comme Solal Bouloudnine à l’Eracm, et même si son Centre dramatique national du Nord-Est lorrain est transfrontalier, ses références restent méditerranéennes.
Long poème
Abysses explore un des versants les plus tragiques de Mare nostrum. Il y est question des noyés échoués à Lampedusa, et des survivants. Le texte de Davide Enia est un long poème désespérant, mais pas désespéré, sur les naufrages qui se répètent infiniment sur nos côtes. On y croise des élans humains remarquables, ceux d’un gardien de cimetière qui refuse de céder à l’anonymisation des cadavres. Ceux d’un père et de son fils, l’auteur narrateur, s’énoncent aussi dans les creux des naufrages. Ceux des sauveteurs surtout, qui laissent les spectateurs avec un sentiment de révolte. Plus constructif que l’empathie, explique la metteuse en scène.
Claire Vallier, chanteuse et musicienne, porte également le texte et concourt à la partition subtile de son tissu d’émotion. Aucun autre décor n’est nécessaire.
AGNÈS FRESCHEL
Abysses
Du 26 février au 1er mars
Salle Démeter, La Criée
Centre dramatique national de Marseille
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