Après une première étape à Correns, puis une seconde aux studios de l’AMI, le Festival Transform clôturait son édition 2025 ce 25 octobre par une journée de restitution à la Friche la Belle de Mai
Au LaboFriche, Euphorbia Peregrina avait disséminé dans l’espace sa collection de plantes séchées. Au sol, les pages de son herbier coupent la salle en deux. Au fond, une grande estrade accueille une reproduction de son buffet olfactif, précédemment exposé à Correns.
Une discussion sur les enjeux du festival et le jumelage avec le festival brésilien RISCO, avait lieu dans la même salle entre Sarah Saby et Natalia Mallo, créatrices des festivals Transform et RISCO. « Les territoires et les enjeux sont différents, mais Marseille possède une communauté artistique queer forte et très présente, avec de nombreux espaces associatifs et autogérés queer, ça ressemble à Sao Paulo », explique Natalia Mallo. Et Sarah Saby d’ajouter : « Natalia et moi traversons des défis commun dans la programmation de ces festivals, notamment les questions financières de gestion de projet queer, les risques permanents d’annulation, ça nous semblait très important d’en parler. »
Lerisque,d’ailleurs, semble être un fil conducteur de leur collaboration. « RISCO a débuté à partir de créations queer, de personnes précarisées marginalisées, dont l’existence constitue un risque à elle seule. Ce qui nous intéresse c’est de fabriquer des espaces d’expérimentations avec ces personnes issues des marges. On a une volonté […] de rendre la création et l’existence de ces artistes moins précaire » précise Natalia Mallo.
Romy Alizée, et Myriam Bahaffou montaient ensuite sur l’estrade pour une table ronde modérée par Coco Spina, « Érotiser le monde : vers une éropolitique du désir » que Romy Alizée clôturait par une lecture Des choses que j’imagine, magnifique exploration photographique des désirs queers et des sexualités marginales, accompagnées de nouvelles intimes et politiques.
Exploiter une faille
La transformation de Transform constituait cette année autant un risque qu’un geste politique manifeste dans un paysage culturel précaire. Les formats d’expérimentation artistique queer sont menacés, pourtant les capacités de réinvention formelle des créateur·ices marginalisées savent y faire face : il est question de laisser une trace, d’exploiter une faille dans laquelle s’infiltrer et s’étendre. « Il y a une volonté de propagation de notre part. Depuis quelques années, les artistes queer issues des marges sont présent·es dans les programmations mainstream. L’existence, dans le paysage culturel, de festivals radicaux, permet d’étendre les représentations queer au grand public, d’agir par porosité en quelque sorte », poursuit Sarah Saby.
Les festivals Transform et RISCO, parmi d’autres, sont des terrains d’expérimentation artistique libres, fluides, qu’il s’agit de défendre mais aussi d’imiter pour perdurer.
NEMO TURBANT
Le festival Transform ! s’est tenu du 14 au 24 octobre, à Correns et Marseille.






