SOS Méditerranée apporte son secours aux migrants en détresse en Méditerranée. Depuis sa création, il y a dix ans, plus de 42 000 personnes ont pu être sauvées de la noyade. Touché par cette action humanitaire, le Chœur Soléa a choisi de dédier un concert à cette cause. Pour sa cheffe, Anne Périssé : « soutenir ceux qui aident les gens en détresse est juste une évidence ».
Le chœur avait convié Bachir Sanogo, compositeur d’origine ivoirienne et joueur de n’goni, instrument à cordes mandingue ancêtre de la guitare et du banjo. Lorsqu’on lui parle de son engagement il s’étonne : « Chez nous en Afrique de l’Ouest, les chansons véhiculent des messages pour éveiller les consciences, pour éduquer les populations. Parler de ces sujets dans mes morceaux me semble naturel ». Parmi les pièces phares du programme figurait la poignante Lampedusa, composée par Sanogo en 2011 : « À cette date, on parlait peu de la question des migrants en mer. C’est en travaillant avec un chorégraphe et des documentaristes que j’ai découvert des images qui m’ont bouleversé. Le thème répétitif de la chanson symbolise le trajet éprouvant à travers le désert et la Méditerranée » explique-t-il.
À tous les naufragés
Formé auprès du Ballet national de Côte d’Ivoire et d’un maître traditionnel de n’goni à Abidjan, Bachir s’est installé en France comme artiste. Il n’a pas connu à titre personnel la tragédie de la migration mais « j’ai des amis du quartier ou du pays qui ont connu ce périple ».
Éclectiques, pénétrant et inspirés, les morceaux de Soléa, interprétés a capella ou accompagnés par le pianiste Jonathan Guidaliah, se sont enchaînés avec émotion, illustrantla quête de ceux qui se lancent dans l’exil en rêvant d’une vie meilleure. Ils ont fait voyager le public de l’époque baroque jusqu’à la période contemporaine avec l’Américain Samuel Barber ou le Franco-Libanais Zad Moultaka. À cela s’est ajouté une carte blanche au jeune marseillais Timo Jolivet, auteur de la suite Mare Nostrum ; quatre pièces qui évoquent la mer, les odyssées sans fin et les espoirs brisés. Jolivet, modeste, refuse de qualifier son œuvre ; mais on y entend le Fauré des Djinns, le Poulenc des Litanies à la vierge noire, des harmonies subtiles et toute l’humanité.
Le cadre du concert, Notre-Dame de la Garde, était bien sûr symbolique. Depuis le Moyen Âge, la « Bonne Mère » veille sur ceux qui prennent la mer – la basilique ayant été bâtie au XIXe siècle sur une chapelle du même nom. Lors des grandes tempêtes et des catastrophes maritimes, les habitants de Marseille s’y rassemblaient pour prier leurs morts. Une plaque dans la basilique leur rend hommage : À tous les naufragés ensevelis dans le linceul des flots.
ANNE- MARIE THOMAZEAU
Le concert s’est déroulé le 14 juin, à la Basilique Notre-Dame de La Garde, Marseille – évidemment.
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