Imaginez un espace obscur, encombré de gros sacs. Une femme (Milouchka) surgit, saute, pousse un cri en apercevant un homme avachi dans un fauteuil qui l’est tout autant. Elle est gênée, ne pensait pas trouver quelqu’un qui, visiblement, n’avait pas envie d’être dérangé. L’homme (Christian Mulot) s’énerve et affirme « on n’est pas là pour se faire des amis » tandis que la femme s’étonne de ne pas être dans « le bon trou » mais essaie d’être aimable. Ambiance tendue. Ça ne s’arrange pas avec l’arrivée tonitruante de celle qui se présente comme « la revenante » (Chrystelle Canals), celle qui revient toujours après ses épisodes de cuite. Enfin, un quatrième (Hugo Lebreton) surgit, éructe, déclare n’avoir rien à faire là ; il a un boulot, une femme et des enfants. Cependant, contraints de cohabiter ces quatre êtres paumés vont peu à peu communiquer, révélant leurs erreurs et leurs fractures.
Huis clos sartrien
Les deux autrices/metteuses en scène Milouchka et Chrystelle Canals, font basculerl’addiction dans le fantastique d’un enfer qui est aussi les autres : l’addiction de chacun.e. estsymbolisée par la métaphore brute du trou, un trou dont iels ne sortent pas et dans lequel iels sont invisibles. Des bruits inquiétants résonnent par moments, des fumées se répandent, telles des menaces ou des remords. Sont-ils condamnés ? Par qui ? Aucune intervention extérieure ne survient.
Il est temps de cesser de juger et d’aider ces personnes, nous suggèrent les autrices qui sont en relation avec des centres sociaux. Leur création ne manquera pas de susciter des interrogations.
CHRIS BOURGUE
Shot, shoot, chut
jusqu’au 26 juillet
Théâtre Barretta, Avignon
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