Samedi 18 juillet, treize heures. La salle se prépare à un poignant témoignage qui va résister neuf heures durant. Neuf heures de récits édifiants, de l’Ukraine à Gaza, de la Bosnie à la Syrie, du Congo au Liban, du Maroc à Avignon. Huit participants aux vécus sensibles traversés par la guerre, des histoires de fratrie et de patrie qui se décomposent et se recomposent, et d’une infinie tendresse toujours victorieuse.
Radio Live, depuis une dizaine d’années, porte sur scène la création radiophonique, celle qui donne une voix, documentaire, aux témoins de l’histoire. Animée par Aurélie Charon, productrice à France Culture, autrice et réalisatrice, porteuse de cette forme nouvelle de théâtralisation du réel.
Les huit protagonistes semblent porter un fardeau collectif, une histoire dont les blessures irriguent nos intimités. Pourtant Radio Live (Radio Love ?) fait la preuve que la lumière peut surgir de l’obscurité. Comment ne pas rire aux éclats, quand Ines Tanovic (historienne de l’art, activiste, éternelle fan de Nirvana), raconte sa rencontre, à neuf ans, avec un obus bosniaque lors d’un visionnage chez la voisine de l’iconique Santa Barbara entre deux coupures de courant ?
« Votre corps ressemble à un fromage suisse ! » s’exclame le médecin à la radiographie, observant les plus de cinquante objets métalliques fichés pour toujours dans le corps de la jeune fille.
Les narrations sont fortes, elles ont le naturel du récit vrai, la voix et la guitare d’Emma Prat sont comme un subtil intermédiaire au cheminement de nos émotions nous emmenant toujours plus loin dans ces paysages de boue et de sang. Les dessins ludiques tout en couleurs de Gala Vanson viennent esquisser à point nommé les contours géographiques de ces terres endeuillées. Ou souligner des sourires, des vieilles photos de famille comme pour mieux nous inclure dans la confidence comme des amis.
C’est la force du groupe, on filme, on accroche, on installe pendant les prises de paroles, on voyage chez les uns et chez les autres, on se soutient et on se prend (souvent) dans les bras. Un souffle de joie et de solidarité, au-delà des clivages et des haines.
MICHÈLE GIQUIAUD
L’intégrale de Radio Live a été jouée le 18 juillet.
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