Bon. L’ultra droite américaine veut déréglementer les réseaux sociaux pour que des propos injurieux puissent s’y tenir librement et sans « modération » ; d’un autre côté, ces mêmes « libertariens » refusent que le fait de tendre violemment le bras soit qualifié de salut nazi ; même lorsque c’est pendant l’investiture du président, à deux reprises, en grimaçant un rictus qu’on peut interpréter comme un mélange de triomphe et de haine.
Ces libertariens, adeptes du libre échange de propos comme de va- leurs, étant capables de représailles, judiciaires ou non, quand on exerce cette liberté d’expression à leur encontre, nous ne dirons donc pas que ce geste maladroit, chez un homme aux propos fréquemment fascistes, est un salut nazi.
Prétéritions
Nous ne prétendrons pas non plus que cet homme qui renie sa fille trans, rêve d’un homme nouveau sans « absurdité woke » et se déclare « absolutiste de la liberté d’expression » est un fasciste – même si on ne peut que constater qu’il tient des propos fascistes, soutient un président des États-Unis qui, aussitôt investi, veut envahir la Pologne et est félicité par tous les gouvernements belliqueux, racistes, despotiques et meurtriers de la planète, jusqu’à Mars où les States n’ont pas encore planté leur bannière étoilée mais y songent très sérieusement.
Non. Nous ne dirons rien. Mais Zébuline a quitté X pour Blue sky. Nous cherchons des alternatives à Méta, puisque Zuckerberg devient lui aussi dangereusement libertarien et masculiniste, et ne veut plus modérer ses réseaux. Nous vous invitons à nous suivre, à quitter ces outils qui semblent nous faciliter la communication mais nous rendent dépendants et malléables, férocement binaires, inversant le rapport entre le mensonge et le fait vérifié, le réel et le virtuel, la rencontre humaine et ce qui fait écran.
Rejoignons le réel
Nous vous invitons à rejoindre le réel, celui où les journaux s’achètent et se lisent en les feuilletant, où les journalistes enquêtent librement, recoupent les informations et protègent leurs sources. Celui où les artistes se rencontrent dans les théâtres et les salles de concerts, les vernissages ; les écrivains et les réalisateurs, les scientifiques et les historiens, dans des rencontres publiques, des avant-premières. Celui où l’on discute avec ses amis au restau ou au bar sans regarder l’écran de son téléphone, sans écouteurs dans les oreilles.
Cette semaine, ce sont encore une fois les artistes et les penseurs qui ont proposé des contrepoids puissants au naufrage politique que nous vivons : une réflexion sur le fascisme avec Tiago Rodrigues ou à L’Istituto italiano, une recherche d’équilibre de suspension et de délivrance avec le cirque, des maisons folies communes à Avignon, des penseurs écologiques avec Opéra Mundi, et des réflexions sur le lien humain sur toutes les scènes.
Rejoignons-les, physiquement, histoire d’imposer nos rêves dans le réel, et de sortir des cauchemars qu’ils infusent à nos pauvres esprits, et jusque dans nos assemblées démocratiques.
Agnès Freschel
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