lundi 28 juillet 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
AccueilSociétéPolitique culturelle« Tout devient insupportable »

« Tout devient insupportable »

Cette semaine, la question des violences sexistes et sexuelles s’est imposée à Avignon. Sur scène avec Le Procès Pélicot, à la Maison Jean Vilar le temps d’une rencontre autour de « l’art au défi des violences sexuelles »

Le temps du festival, la Maison Jean Vilar accueille ses « enjeux du présent », une série de rencontres qui se penchent sur les grands sujets contemporains et d’actualité. Après la guerre en Ukraine et avant les « Voix palestiniennes », la Maison s’est intéressée aux violences sexistes et sexuelles. Autour de cette table ronde animée par Chloé Macaire (journaliste à Zébuline), quatre dramaturges et spécialiste ont répondu à l’appel : Sephora Haymann, Bérénice Hamidi, Servane Dècle et Ronan Chéneau.

Comment aborder le sujet des VSS au théâtre, sans inciter à les reproduire, ni les excuser, ni les envelopper d’un voile sale de romantisme et d’érotisme ? Comment représenter l’horreur du crime sans agresser ni les comédiens ni l’assemblée ? Rien de plus simple si le regard porté dessus est une condamnation claire, si scénariste et metteur·se en scène sont réellement du côté des victimes. Mais difficile de ne pas désespérer quand des pièces, classiques ou récentes, issues d’une « zone grise » qui prétend analyser plus finement les tenants d’un viol, sont préférées à l’explicitement féministe. « Cette zone grise ne profite qu’aux agresseurs », lance Sephora Haymann, du collectif #MeTooThéâtre, et co-metteuse en scène desHistrioniques.

Sortir d’une esthétique stéréotypée

Autrice de l’essai Le viol, notre culture (2025), la chercheuse Bérénice Hamidi demande que l’on sorte d’abord des représentations dominantes du viol. Non, la plupart des agressions ne se fait pas dans la rue, la nuit, et n’est pas issue d’un accès passager de sauvagerie d’un inconnu. 91% des victimes connaissent leur agresseur. Et le crime est commis presque toujours à domicile.

Servane Dècle, co-conceptrice de la pièce coup de poing Le Procès Pélicot, renchérit sur la nécessité de sortir du mythe de la « victime exemplaire », vierge et sans aucun désir sexuel. Le procès de Dominique Pélicot et des 51 autres agresseurs a mis au jour une vérité qu’il est parfois difficile d’admettre : bien souvent, les violeurs sont des hommes ordinaires, mais qui ont intégré l’idée que leur domination sur les femmes est légitime. Pourquoi violent-ils ? Parce qu’ils le peuvent, répond Bérénice Hamidi.

Alors il faut en parler, il faut représenter en condamnant sans détour. Il faut détruire toute ambiguïté, ne plus se demander si oui ou non on peut excuser une violence sexuelle. Représenter c’est conscientiser, c’est sensibiliser. Car une fois sensibilisé, à la misogynie explicite comme implicite, dans des œuvres d’art ou au quotidien, tout devient insupportable, lâche Sephora Haymann.

De la scène aux coulisses

« Alors que peut-on faire, collectivement, dans le monde de l’art, au-delà d’un travail personnel de renseignement et de déconstruction ? » demande Ronan Chéneau, auteur de A la barre. Il faut considérer par exemple les coulisses et la représentation sur scène comme un continuum, explique Bérénice Hamidi.

Sephora Haymann ajoute qu’au théâtre, il est difficile de traiter ces problématiques parce que les metteurs en scène et personnes de pouvoir n’y sont pas formés. Quand une agression se produit dans une troupe, ils se défaussent de leurs obligations d’en virer l’auteur, s’en remettant au Code du travail. Mais ce n’est pas à eux de décider du sort de l’agresseur, c’est au tribunal, et c’est une obligation pénale que de le mettre hors d’état de nuire.

Dommage cependant que l’assemblée ait été en grande majorité composée de femmes, comme si les hommes ne s’étaient pas sentis concernés… 

GABRIELLE SAUVIAT

ARTICLES PROCHES
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img

Verdi sous les étoiles séduit Marseille

L’Eté Marseillais a fait escale dans cet écrin de verdure à la belle acoustique, à l’invitation de Marseille Concerts et de la mairie du 1/7. Viva Verdi a...

Précieuse Rebecca Cruz

À Arles, Les Suds trentenaires proposent durant leur longue semaine d’exploitation juilletiste une liste de rendez-vous musicaux aussi variée en styles qu’en lieux d’accueil....