« On veut réunir sur le modèle du Festival Arts et Création Trans (FACT) à Lyon mais avec nos spécificité » explique Edna, membre du collectif organisateur du festival Transgaze. Pour sa deuxième édition, le rendez-vous programme 12 séances et conférences, à prix libre, et laisse la place à des invité·e·s venu·e·s de Lausanne, Lyon ou Brest – en plus de tous·tes les Marseillais·e·s.
« Le public de l’année passée était celui du Vidéodrome, avec plus de trans. Mais la mixité sociale, raciale et d’âge » n’étaient pas au rendez vous, explique Edna. Alors que Transgaze est un « anti tokénisme » (pratique consistant à promouvoir l’inclusion des groupes minoritaire pour échapper aux accusations de discrimination), le festival refuse de transformer les individu·e·s en porte-étendard de leur communauté, incité·e·s à correspondre à certains clichés – la femme transgenre hyper sexualisée par exemple.
Inclusif, pas excluant
Ainsi des courts métrages, comme ceux prévus mercredi 26 mars à 18h30, apportent une nouvelle vision. Réalisés par et pour des personnes trans, mais pas seulement car la programmation s’est ouverte à des artistes non trans, avec des œuvres collaboratives où visions cis et trans dialoguent et se questionnent.
Le cinéma est l’espace privilégié du cisgaze, regard plaqué d’une personne cis sur une autre identité de genre, « qui dépeint des femmes trans malheureuses, artificielles et entourées de violence pour dissuader de transitionner dans le réel » explique Jasmine Mokrim, chercheuse sur la représentation trans au cinéma. Elle cite Tangerine (2015), La Belle de Gaza (2024), LeSilence des agneaux (1991) et Emilia Pérez (2024) qui mélangent transidentité, violence et performance de drag show. A contrario, Gang de pétasses sauvages : Bixarada d’Ugo Céleste Gerardi et Raphaël Sawadogo-Mas, présenté au Vidéodrome le 25 à 18h30, ouvre un nouvel espace pour cette « minorité protéiforme » selon Edna.
Et Jasmine de conclure : « il nous faut des productions incluant des personnes trans ou des productions entièrement transgenre comme une réappropriation, pour éviter que des personnes capitalisent sur nos vécus, nos souffrances ou nos bonheurs ». Le personnage de Jules (série Euphoria) ou celui de Biba (Joyland) reflètent cet avenir possible à rebours des clichés.
LOLA FAORO
Transgaze
Du 25 au 30 mars
Vidéodrome 2 et Centre LGBTQIA+
Marseille
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