Louise Vignaud est artiste associée au centre dramatique national de la Criée (Marseille)et ses quatre interprètes sont issus de l’ERACM, école nationale supérieure de théâtre de Marseille et Cannes.
La tête sous l’eau, les bruits extérieurs sont atténués, feutrés. Le texte est une métaphore de ce débordement sourd, de la fatigue muette, et questionne le monde du travail, l’isolement des travailleurs, le fatalisme de Pôle Emploi, le cynisme des agents bancaires : le quotidien de nombreux travailleur·euses !
Irène, (émouvante Masiyata Kaba) qui a travaillé toute sa vie, est mise à la retraite avant l’âge, pour faire de la place à de jeunes employées qui coûteront moins cher. Rentrée chez elle, elle sort d’un placard un maillot, un masque et un tuba pour retourner à son amour : la nage.
Militer ou respirer ?
Sa fille (énergique Alice Rodanet) la trouve « molle » et voudrait qu’elle s’engage dans la vie sociale, tandis qu’elle, étudiante, milite et manifeste pour les droits des travailleurs. Un copain, Julien, (convaincant Arron Mata) qui a fait des études d’océanographie, ne trouve aucun débouché et se résoud à écouter la proposition d’un conseiller de Pôle Emploi au sourire carnassier, Thomas Cuevas, plus vrai que nature : devenir auto-entrepreneur. Un piège social.
Dans un décor strict de tables et chaises, une paroi vitrée offre une ouverture, puis un écran sur lequel sont projetées des images de la mer où Irène rêve de plonger pour oublier, nager avec les poissons, se recentrer sur soi et ses proches. En espérant sortir la tête de l’eau, et trouver une nouvelle place dans la société.
CHRIS BOURGUE
La tête sous l’eau de Louise Vignaud - Cie La résolue, Marseille, se joue dans le Off jusqu’au 26 juillet au Théâtre des Carmes.
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