Mercredi soir, rendez-vous était donné dans la Cour Sainte Catherine. Manque de chance, la météo menaçante a laissé un doute sur la bonne tenue de ce concert en plein air. Mais c’est finalement un duo singulier qui se présente avec au piano, Patrick Zygmanowsky, qui remplace Florence Belraouti à la dernière minute, et au tuba, Juan Da Silva, musicien d’orchestre et d’ensembles comme Musicatreize. Tous deux, ils vont s’attaquer au répertoire d’Astor Piazzolla, entre musiques de films, jazz et tango.
En prélude au concert, les organisateurs font un appel aux dons pour la rénovation des façades de ce magnifique cloître, puis la musique commence… Quelques notes légères au piano lancent l’Ave Maria, composé pour le film Enrico IV de Bellocchio. Entre ensuite le tuba, avec souplesse et nuance.
Quel souffle dans le tuba ?
Les deux musiciens jouent de manière retenue et touchante, avec de légers crescendos lors des accelerandos. La mélodie est à la fois solennelle et pleine d’espoir, et d’un même élan les musiciens lèvent les yeux au ciel comme optimiste que la pluie allait les attendre. On écoute Milonga Del Angel, avec des articulations legato-staccato – on aperçoit les débuts du rythme en syncope du tango.
Passe ensuite Invierno Porteño, des Quatre Saisons de Buenos Aires où le tuba tente de trouver sa place sur les passages rapides et le rythme effréné du pianiste. Car l’instrument, malgré la maîtrise du musicien, reste peu disposé à la même clarté et virtuosité que le piano.Les musiciens joueront ensuite le Café 1930, initialement composé pour flûte et guitare, et qui fera sonner le tuba avec une légèreté et une mélancholie que l’on ne lui connaissait pas. Pour finir, et à la joie du public, le fameux Libertango, entraînant, enjoué, le ciel se dégage.
LAVINIA SCOTT
Concert donné le 27 août dans le cadre du festival Musique dans la rue, Aix-en-Provence.
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