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Un nom pas toujours très propre

Après Le Consentement, Vanessa Springora publie Patronyme, enquête palpitante sur ceux qui lui ont donné son nom

Avec Le Consentement, (Grasset 2020) dans lequel elle dénonçait l’emprise exercée sur elle par l’écrivain Gabriel Matzneff lorsqu’elle avait 14 ans et lui 49, Vanessa Springora s’est fait un nom dans le monde littéraire. Et c’est ce nom qu’elle interroge aujourd’hui dans son dernier livre Patronyme

Attendue sur le plateau de La Grande Librairie pour parler de son premier ouvrage, l’autrice est appelée par la police pour venir reconnaître le corps sans vie de son père, qu’elle n’a pas revu depuis 10 ans. Dépressif, manipulateur, toxique, mythomane, il était revenu vivre avec sa mère (la grand-mère de Vanessa) dans un petit deux pièces de Courbevoie en banlieue parisienne jusqu’au décès de celle-ci. Il y avait ensuite vécu, dans des conditions pitoyables jusqu’à sa propre mort. En vidant l’appartement, Vanessa tombe sur deux photos de Joseph, son grand-père chéri, portant avec fierté les insignes SS. On est bien loin de la version familiale du jeune homme tchèque enrôlé de force dans l’armée allemande puis héros déserteur caché en France par celle qui allait devenir sa femme. Et quid de ces noms de famille retrouvés sur des vieux papiers :  Springer, Springor, Springerova jamais les mêmes ?  C’est le début d’une quête obsessionnelle qui va mener Vanessa en Tchéquie à Zábreh, en Moravie, à l’est du pays à la recherche de ses origines ; un voyage aussi dans les temps troublés de la seconde guerre mondiale et dans les territoires de Bohême et des Sudètes où va débuter le conflit.

Sidérés par les révélations et la force dénonciatrice du Le Consentement, on n’avait sans doute pas assez souligné l’écriture limpide de Vanessa Springora, son sens précis du dévoilement.  Dans Patronyme on retrouve ce style percutant, d’une précision historique et d’analyse extrême qui déroule un périple haletant dans lequel on mesure combien les récits familiaux, les secrets, les non-dits, les mensonges arrangés, les semi-vérités se transmettent, génération après génération, impactant douloureusement les descendants.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Patronyme
Vanessa Springora 
Grasset, 22€

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