mercredi 25 juin 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
AccueilMusiquesUn Trouvère d’exception

Un Trouvère d’exception

Marseille aime Verdi… L’Opéra lui en offre du très beau avec ce Trovatore d’une rare élégance

Le rideau s’ouvre sur une scène plongée dans le noir. Dans la nuit, les hommes d’armes du Conte di Luna évoquent le passé. On apprend ainsi comment le frère de celui-ci fut enlevé au berceau et assassiné par une bohémienne désireuse de se venger de la famille qui avait fait brûler sa mère pour faits de sorcellerie. Du bébé, on ne retrouva qu’un squelette dans les cendres. Peu à peu se déploie la narration tragique. Deux hommes s’affrontent pour gagner le cœur de la noble Léonora – une Angélique Boudeville qui fait vibrer chaque nuance du rôle avec intensité. 

D’un côté, il y a le Conte de Luna (le baryton roumain Serban Vasile), homme ombrageux détenteur de l’autorité, puissant et brutal, prêt à obtenir par la force ce que la jeune femme lui refuse par le cœur, de l’autre Manrico, troubadour mystérieux et lyrique – interprété magistralement par le ténor, Teodor Ilincäi – a les faveurs de Léonora. Les tensions montentet Manrico est arrêté et condamné à mort. Leonora tente d’obtenir sa grâce en se sacrifiant eten acceptant d’épouser le comte…. Puis, pour échapper à la brute, se donne la mort. Manrico, lui, est exécuté alors que la gitane Azucena (Aude Extrémo), qui l’a enlevé et élevé, après avoir tué dans un accès de folie son propre fils, révèle au Comte qu’il vient de tuer… son propre frère.

Zingarella tragique

On retrouve dans Il Trovatore toute la grande machinerie verdienne : la force, la puissance dudestin qui frappe tragiquement à travers les générations. C’est aussi une magnifique histoired’amour entre une mère Azucena et son fils adoptif Manrico. 

Comme toujours, le compositeur italien fait la part belle aux chœurs, dont le plus célèbre, celui des bohémiens, hymne à La Zingarella, (la gitane) enflamme la salle. Dans les rangscertains fredonnent l’air célébrissime. La chaleur étant de la partie, les éventails s’agitent dans les travées, semblant en résonnances au spectacle qui se déroule sur la scène et dans la fosse avec un orchestre endiablé dirigée avec l’impétuosité expressive du jeune – il n’a que 32 ans– directeur musical italien Michele Spotti, à l’énergie vibrante, précise, galvanisant autant les chœurs que les solistes et donnant à l’œuvre un rythme haletant.

Si la partition met chacun en valeur, la mezzo Aude Extrémo incarne avec une intensité saisissante cette mère torturée, en proie à la douleur et à la folie notamment dans son grand solo ovationné Stride la vampa, dont le cri déchirant semble sortir des entrailles.

Comme à son habitude Louis Désiré offre au public une mise en scène d’une rare élégance,minimaliste, épurée, faisant flirter avec bonheur noir, blanc, rouge, effets de miroir et d’aluminium. Si celle-ci déroute certains spectateurs, plus habitués aux dorures et aux fastesopulents qui accompagnent le plus souvent la musique héroïque de Verdi, on trouve, à l’inverse, que cette esthétique sobre, dépouillée, recueillie laisse toute liberté aux voix, au récit tragique et aux douleurs de s’exprimer avec une vraie profondeur dramatique sans parasiter ni le regard, ni la pensée. Du beau, du très beau Verdi.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Représentation du 10 juin, Opéra de Marseille

Retrouvez nos articles Musiques ici

ARTICLES PROCHES
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img

« Once upon a Time In Gaza » : à Gaza, on ne choisit pas son histoire

On ne sait pas si les réalisateurs gazaouis auraient eu le courage de l’humour, même caustique, qui caractérise leur cinéma et ce dernier opus,...

Plus d’un tour dans zon Zac

Imaginé il y a presque trente ans, le festival Zik Zac est un exemple de métissage, d’ouverture et de partage qui n’a pas eu besoin d’attendre...