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Une amitié soudanaise

Sous couvert d’une histoire d’amitié, Mohamed Kordofani présente dans Good Bye Julia un Soudan divisé à bien des égards

Ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir un film venu du Soudan où le cinéma a été interdit pendant des décennies. On se souvient de Talking about trees de Suhaib Gasmelbariet de ses cinéastes facétieux et idéalistes qui sillonnent dans un van les routes du Soudan pour projeter des films en évitant la censure du pouvoir. Ce 8 novembre sort Good Bye Julia de Mohamed Kordofani, présenté en avant-première au cinéma Le Mazarin (Aix-en-Provence) dans le cadre du festival nouv.o.monde

Mohamed Kordofani choisit lui de nous conter l’amitié qui va naitre entre deux femmes. Mona (Eiman Yousif), bourgeoise du nord et musulmane et Julia (Siran Riak), femme du sud, pauvre et chrétienne. Une amitié fondée sur un mensonge, certes, mais qui va grandir et transformer l’une et l’autre. 

Tout commence en 2005 dans un pays divisé entre un sud catholique, et un nord musulman ; la mort accidentelle de John Garang, le leader du Sud, provoque des émeutes dans les rues de la capitale soudanaise et les heurts sont fréquents entre les communautés. Mona est mariée à Akram (Nazar Gomaa) et ne peut avoir d’enfant. Dans sa cage dorée, la vie n’est pas facile pour cette ex-chanteuse, qui n’a plus le droit de chanter. Elle se sent responsable, même si c’est involontaire, de la mort du mari de Julia et la recueille avec son enfant sous le prétexte de la prendre comme aide-ménagère. Durant cinq ans, les deux femmes vont partager leur quotidien. Gestes de celle qui sert dans un intérieur feutré à la lumière tamisée, moments où on apprend à connaitre l’autre, où on s’aide, que la caméra de Pierre de Villiers capte avec pudeur. Extérieurs à la lumière éclatante où toutes deux, comme de vraies amies, partagent des moments de bonheurs simples, un verre, un chant

Ça tourne mal 

« L’écriture de ce film faisait partie d’un effort continu pour se débarrasser de ce racisme hérité, motivé par un sentiment de culpabilité, un désir de réconciliation et un appel à la réconciliation », précise Mohamed Kordofani. Un tournage difficile à un moment où les manifestations se multipliaient à Khartoum. Et au moment où le film était présenté à Un Certain Regard à Cannes, récompensé par le Prix de la Liberté, le Soudan était de nouveau en proie à la violence : depuis avril 2023, avait démarré la « guerre des généraux » qui oppose l’armée au pouvoir et les forces paramilitaires. 

Cet ancien Ingénieur aéronautique qui a tout quitté pour fonder son propre studio de production, le Klozium Studios, dans son premier long métrage, aborde tout à la fois la séparation entre le nord et le sud de son pays, le racisme, l’apartheid social, la condition des femmes, tout en nous contant une belle histoire d’amitié. 

ANNIE GAVA

Good Bye Julia, de Mohamed Kordofani
En salles le 8 novembre
Le film sera projeté en clôture du festival Africapt, le 15 novembre à 20h30 au cinéma Le César d'Apt 
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