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Une masterclass d’exception

Fruit de la collaboration entre le Conservatoire et l’Opéra de Marseille, la masterclass du ténor Sébastien Guèze a subjugué le public

Il y a des instants suspendus où l’on comprend que l’on est en train de vivre un moment extraordinaire. C’est exactement ce qui est arrivé au public marseillais lors de la masterclass du ténor Sébastien Guèze, au foyer Ernest Reyer. Soliste invité de l’Opéra sur la production Rusalka de Dvorák (11 au 16 février) et actuellement en répétition, le ténor français, qui possède à son répertoire 50 rôles et 500 représentations, a accepté de donner deux heures de son temps pour auditionner, conseiller et aiguiller sur de nouvelles pistes vocales trois ténors, grands élèves du Conservatoire Pierre Barbizet. Premier à monter sur scène, Damien est dans ses petits souliers. On le comprend… Pas facile de se produire ainsi devant un public aussi sympathique soit-il. Immédiatement Sébastien Guèze le met à l’aise « on n’est ni en concert, ni en audition mais entre nous. C’est le moment prendre des risques… » 

« Lâches-toi ! »

Le jeune ténor interprète un extrait de Werther de Massenet, l’invocation à la nature. Sébastien Guèze s’enthousiasme. « C’est un air très intéressant, un des seuls dans l’Opéra qui parle de la beauté de la nature. Il est en résonance avec le monde actuel ». Patiemment, le professionnel, reprend une à une chaque mesure « c’est un morceau qui demande un grand calme, une sérénité intérieure ». Avec humour et gentillesse, il invite Damien à se détendre, à marcher, à baisser les épaules et le larynx, n’hésitant pas à le toucher pour bien faire ressentir dans le corps, le placement vocal requis. Le « avant-après » est sidérant. Le public est saisi par la transformation de la voix. C’est au tour de Pierre de se présenter devant l’auditoire avec l’air Vainement ma bien aimée du compositeur Édouard Lalo. Là encore, Sébastien Guèze rectifie, explique ce qu’il attend de l’interprétation, « tu es trop poli, lâches-toi ! » et n’hésite pas à montrer l’exemple en se lançant dans de grandes envolées qui font résonner le foyer et vibrer les spectateurs enthousiastes. « Ils ont déjà tout ce qu’il faut. Je leur donne juste mes petites astuces histoire de leur faire gagner du temps » affirme Sébastien avec humilité. 

La classe de maitre est à son apogée avec l’entrée du troisième élève Hassan. Il a choisi l’air No puede ser, immortalisé par Placido Domingo. La voix du chanteur est déjà exceptionnelle mais Sébastien veut plus : « Tu te donnes à 30 %. On lit la bonté dans tes yeux mais le personnage que tu incarnes est un lion. On va tuer sa femme. Il faut me convaincre de ne pas le faire ». Hassan chante et Sébastien, vif et agile, lui prend les mains, le provoque comme un taureau dans l’arène, bien décidé à faire sortir le jeune homme de ses gongs et par la même occasion sa voix à son plus haut potentiel. Le résultat est époustouflant prouvant que la pédagogie, la transmission est aussi du grand art.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

La masterclass s’est déroulée le 30 janvier à l’Opéra de Marseille.

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