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« Xalé, les blessures de l’enfance », une résistance sénégalaise

Représentant du Sénégal aux Oscars 2023, le film de Moussa Sène Absa capte les non-dits autour de l’inceste dans son pays

Après Tableau Ferraille en 1997 et Madame Brouette (Ours d’Argent à la Berlinale en 2002), le cinéaste sénégalais Moussa Sène Absa poursuit son exploration de la société de son pays, exposant ses maux, ses tabous dans son dernier film, Xalé, les blessures de l’enfance. « Pour tous mes films, je m’inspire de ce qui se passe autour de moi : je n’invente rien, tout est là ! »

Inspiré par un fait qui s’est passé dans sa famille, il nous raconte l’histoire d’Awa (Nguissaly Barry), une jeune fille de 15 ans, qui partage son temps entre un petit travail dans un salon de coiffure et l’école où elle excelle. Contrairement à son frère jumeau, Adama (Mabeye Diol) petit vendeur dans les rues de Dakar et qui n’aspire qu’à une chose : s’embarquer sur une pirogue pour fuir ce pays qui ne donne aucun avenir à ses enfants. À la mort de la grand-mère, la vie d’Awa est bouleversée. En effet, selon les derniers vœux de l’aïeule, sa tante Fatou (Rokhaya Niang) est mariée de force à Atoumane (Ibrahim Mbaye), son cousin qu’elle n’aime pas. Fatou résiste : le mariage n’est pas consommé. Atoumane blessé dans son amour propre, méprisé par son patron, castré par la société, en arrive à commettre un acte infâme : violer sa nièce. Suite au verdict du tribunal coutumier, il est exclu du village pour dix ans. Awa est détruite mais, se retrouvant enceinte, elle relève la tête et prend seule la décision de garder le bébé… Elle a pu ouvrir son salon de coiffure, elle élève sa fille Bintou, a retrouvé son amour  d’adolescence, semblant s’être reconstruite jusqu’au jour où Atoumane revient…

« Les maux qui gangrènent »

À travers l’histoire d’Awa remarquablement interprétée par Nguissaly Barry, Moussa Sène Absa veut faire réagir face à un problème majeur de la société : « Quand on lit les journaux sénégalais, on se rend compte que pas une journée ne se passe sans qu’on y évoque un viol par un père, un cousin, etc. Le plus souvent, cela se passe dans le cercle familial, ou professionnel, avec des enseignants qui abusent de leurs élèves. Il y a beaucoup de non-dits dans la société sénégalaise et c’est justement ceux-ci qui m’intéressent. Il faut s’appesantir sur les maux qui gangrènent notre société. »

Tourné en langue wolove, majoritairement parlée au Sénégal, Xalé, les blessures de l’enfance est un film rempli de couleurs et de musique. Robes des griots et des griottes, tantôt rouges, tantôt bleues, tantôt blanches selon qu’ils condamnent, commentent, encouragent ou chantent l’amour. Comme un chœur antique. « Ce n’est pas imaginable pour moi qu’un de mes films n’ait pas de musique » précise Moussa Sène Absa qui vient d’une famille de griots.

Xale, les blessures de l’enfance est dédié à Rock Demers, producteur de son film Madame Brouette, disparu et 2021 et à sa mère : « Mes films sont des hommages continus aux femmes, à leur force au quotidien. Je suis certain des apports considérables des femmes à la société, leur place permet d’assurer équilibre. » Comment ne pas être d’accord avec lui !?

ANNIE GAVA

Xale, les blessures de l’enfance de Moussa Sène Absa
En salles le 3 avril

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