Zébuline. Vous fêtez les 30 ans de Jazz à Sète cette année. Quelque chose de spécial est-il prévu ?
Louis Martinez. Cette année, je me suis penchée sur les artistes qu’on a pu faire venir, et qui avaient beaucoup plu au public. Et il y a toujours les découvertes, les coups de cœur, par exemple, le groupe de Louis Matute.
Depuis 30 ans, avez-vous réussi à élargir votre public ?
Je pourrais dire que le public s’est rajeuni, tout en gardant quand même la fidélité d’un public qu’on revoit chaque année pratiquement. On a gagné un public plus jeune grâce à certaines soirées qu’on a pu organiser, notamment des groupes de hip-hop comme Arrested Development, Jurassic 5 ou De la Soul.
Et cette année aussi ?
Oui, par exemple, la soirée Electro Deluxe. Ils passent le même soir qu’un artiste qui est vraiment devenu une icône : John Scofield, qui a monté un projet funky cette année. On est d’ailleurs complet sur cette soirée, mais également sur celle de Marcus Miller et celle d’Avishai Cohen.
Et le reste de la programmation cette année ?
Il y a une soirée qui me tient particulièrement à cœur, c’est celle du 15 juillet. On a réuni 14 artistes qui font partie du gotha du jazz français, et ce sont des artistes qui ont pu jouer avec Sylvain Luc, qui a malheureusement disparu l’an dernier. Il était ce qu’on peut appeler un génie de la musique, reconnu mondialement. J’ai eu la chance d’être ami avec lui pendant 30 ans, je l’ai invité sur certains de mes albums et on a fait des tournées ensemble. Je n’ai pas encore le détail, mais il pourra y avoir des duos, des trios, des quartettes, tout au long de la soirée.
Et pour la soirée du 17, vous avez fait le choix de faire un plateau vocal féminin avec China Moses et Madeleine Perroux. Comment s’est organisée cette soirée ?
Pour China Moses, qui n’était jamais venue, il s’est trouvé que j’ai fait sa première partie l’été dernier. Puis j’ai écouté son dernier projet, et j’ai trouvé ça magnifique. Madeleine Perroux, on l’avait eue il y a 15 ans et son dernier album m’a énormément plu. Donc, je me suis dit, ça serait bien de faire une soirée de jazz vocal féminin. Mais il y a pas mal de voix féminines en dehors de cette soirée du 17. À l’Abbaye de Valmagne [lors du « hors les murs », ndlr], on a un groupe exceptionnel, qui s’était produit au Théâtre de la Mer, d’ailleurs, Jî Dru. Sandra Nkaké, qui fait partie de ce groupe, a été élue Victoire du jazz dans la catégorie vocale en 2024.
Il y a tout de même moins d’artistes femmes que l’édition précédente non ?
C’est quelque chose que je ne calcule pas spécialement ; je programme les choses qui me plaisent. Et dans le lot, il peut y avoir des femmes, bien évidemment. Il faut savoir aussi que les femmes sont encore largement minoritaires par rapport aux musiciens hommes.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LAVINIA SCOTT
Jazz à Sète
Du 15 au 21 juillet
Théâtre de la Mer
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