Sur la scène nue bordée de noir, des flashes d’obscurité totale ou de lumière de quelques instants. Soit on ne voit rien, soit on aperçoit un, puis deux, jusqu’à six danseurs qui traversent le plateau du Zef dans diverses diagonales. Musique techno quasi hardcore succédant de façon brutale à une musique flottante, gazeuse, et inversement. Impossible d’anticiper à quel endroit de la scène il(s) ou elle(s) vont (ré)apparaître, quelles lignes vont être (re)parcourues, à quel moment on ne va plus rien voir, à quel moment on va les revoir.
Ballet signalétique
Puis une collision, comme un flash. Et ça repart. Mais les successions d’événements chorégraphiques qui suivront, même répétitifs, seront imprévisibles, à l’image des rebonds erratiques d’un ballon de rugby tout blanc, lancé à plusieurs reprises sur scène, émettant des sons amusants. Séquences de gestes géométriques, sorte de ballets signalétiques de corps-machines, ou formes organiques étranges dont des parties semblent mues par une vie propre, autonome. Aucune improvisation, semble-t-il, dans ce Hasard de Pierre Rigal et de sa compagnie Dernière Minute, une pièce qu’il entrevoit «…comme une métaphore gestuelle des coïncidences cruciales de la vie ». C’est avec celle-ci qu’il débute son compagnonnage au Zef dont il vient d’intégrer la bande d’artistes associés. Classé « artiste inclassable » (dû certainement au fait qu’avant la danse et la chorégraphie il a fait du sport de haut niveau, obtenu un diplôme d’économie mathématique, ainsi qu’un DEA de cinéma), il va imaginer au Merlan un « projet de territoire » pour les trois ans à venir. Si c’est sur le même mode que ce Hasard, il va y avoir du suspense !
MARC VOIRY
Hasard de Pierre Rigal a été présenté les 12 et 13 octobre au Zef, Marseille