Les festivals s’annoncent, les programmes longuement concoctés livrent les secrets de leurs soirées. Les présentations se succèdent, cherchent à donner un avant-goût aux possibles publics. Il y a tant de spectacles sur la région ! Difficile d’effectuer un choix !
Le tout jeune festival Côté Cour organise (déjà !) grâce à ses fondateurs, les musiciens Marie Laforge (flûte traversière) et Léo Doumène (harpe), sa troisième édition, investissant le territoire aixois de Pertuis à Puyricard en passant par Venelles et Aix-en-Provence.
Ces deux passionnés offraient en guise d’introduction aux délices chambristes de l’été un duo harpe et flûte évoluant sur « le fil rouge de la danse ». Comme une évidence le concert débute par une sonate de Jean-Sébastien Bach. « Avec lui s’achève la période baroque et commence la musique classique », sourit Léo Doumène qui présente avec finesse chaque pièce, précisant les transpositions : la Sonate pour traverso et clavecin devient pour flûte traversière et harpe, déclinant les élans mesurés de la Sicilienne dont le rythme ternaire n’est pas sans évoquer la valse (la célébrissime Valse du Parrain de Nino Rota est une Sicilienne). Les phrasés souples de la flûte se posent sur les fantaisies élégantes de la harpe. Le jeu fluide des deux complices s’accorde sur la danse populaire de la Suite en duo de Jean Cras (ce marin inventeur de la « règle Cras » et musicien), mime un orchestre traditionnel, s’orientalise, épouse les mouvements de l’eau, converse avec une spirituelle légèreté avant de traverser l’océan pour redécouvrir le Nuevo Tango de Piazzolla, plonger dans l’atmosphère embrumée des cafés de Buenos Aires avec des extraits de L’Histoire du Tango du compositeur argentin, esquisser quelques pas de danse, évoquer les origines de cette danse emblématique par le superbe Bordel 1900 qui décrit le tango dans les maisons closes du début du XXe où il est né avec ses mélodies provocantes, sa vivacité, ses rythmes ostinato à la harpe qui se transforme en instrument percussif.
Auparavant, le duo avait interprété Café 1930 (deuxième mouvement de cette œuvre), plus à écouter qu’à danser, déployant arpèges et ornementations à la harpe (transposition de la guitare) sur les expressives modulations de la flûte. L’inventivité éloquente d’Entr’acte de Jacques Ibert venait clore ce moment musical, prélude à un été qui s’annonce particulièrement riche et comptera une création, mondiale par essence, du compositeur Apparailly pour le Trio Moïra, (Marie Laforge, Léo Doumène et Raphaël Pagnon, alto).
MARYVONNE COLOMBANI
Concert donné le 19 mai dans la salle des mariages de la mairie d’Aix-en-Provence.
À venir
Côté Cour du 2 au 6 août, à Aix-en-Provence, Puyricard et Venelles.