lundi 29 avril 2024
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La Révolution prend son temps

Dans le cadre des Rencontres à l’Échelle, Myriam Marzouki présentait Nos Ailes brûlent aussi au Zef, scène nationale de Marseille

Depuis 18 ans Les Rencontres à l’Échelle œuvrent, patiemment, à l’ouverture vers les artistes des pays post-coloniaux. En découvrant et en produisant des spectacles forcément différents, en les programmant sur les grandes scènes marseillaises, Julie Kretzschmar et quelques autres ont ouvert la voie à une diversification de nos représentations, qui se généralise aujourd’hui, enfin. Et bouleverse nos regards, sur l’histoire mais aussi sur le théâtre.

Liberté et traumastismes

Ainsi, on peut considérer que Nos Ailes brûlent aussi aussi n’est pas un spectacle complètement réussi, au rythme mal réglé, hésitant dans sa forme. Et, ou, être bouleversé par cette reconstitution distanciée de la Révolution Tunisienne. Myriam Marzouki créé au cœur d’une Histoire en train de s’élaborer, et c’est la place juste pour parler de cette Révolution avortée et trahie. La fuite de Ben Ali, victoire initiale, ne permet pas de construire une démocratie, dans un petit pays où le désir de liberté et d’égalité se heurte aux traditions, à la religion, mais aussi aux traumatismes d’une population marquée par la faim et la torture. Un pays que l’on quitte, même si « la Révolution prend son temps », et que ce mouvement premier donne l’espoir qu’une suite adviendra un jour, malgré la dictature revenue.

Dans la salle du Zef, pleine à craquer d’un public jeune et divers, on entend rire ceux qui comprennent l’arabe, visiblement nombreux, et on regrette un peu que tout ne soit pas traduit. La partition gestuelle en revanche est suivie par tous : ces sièges de fortune que les trois révolutionnaires doivent partager malgré leurs désaccords, ces cendres qui recouvrent la scène lorsque tout cela échoue, le désir de franchir la mer et de fuir, la partition nouvelle que l’on essaie d’écrire ensemble. Des symboles clairs, installés un peu trop longuement pour un public qui n’est pas entièrement au fait de l’actualité tunisienne, et aurait sans doute besoin d’un texte, par endroits, moins allusif et plus incisif.

AGNÈS FRESCHEL

Nos Ailes brûlent a été donnée le 8 juin au Zef, scène nationale de Marseille dans le cadre des Rencontres à L’Échelle qui se poursuivent jusqu’au 17 juin
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