Le caractère unique de cette manifestation, outre le fait d’investir l’un des fleurons architecturaux de la Provence, réside sans nul doute dans sa volonté de mettre en avant des groupes de la région et de considérer la culture comme le bien de tous et donc accessible à tous. En ouverture, quelques musiciens de La Banda du Dock interprétaient des œuvres savantes qui tissaient leurs subtiles harmonies sous les voûtes du cloître de l’abbaye, ajoutant un supplément de poésie aux pierres. Plus tard, c’est au complet que les quinze musiciens, déboulant au milieu de la foule des spectateurs disséminés dans le parc entre chaises d’orchestre, food-trucks et bières locales se livraient à la joie d’une musique partagée, reprenant des tubes empruntés aux répertoires du jazz, du rock, du funk, de la musique des Balkans, de la salsa ou de l’électro. L’espièglerie de l’ensemble et l’apparente évidence du jeu instaurent une complicité forte avec le public, donnent envie de danser, sauter, chanter, à l’instar des instrumentistes dont la fougue excentrique repose sur une technique parfaite et de belles qualités d’improvisation.
Culture pop
Juste le temps de souffler un peu et déjà le dernier spectacle de la Cie Norma, Look, prenait place sur la scène installée devant l’abbaye. Interrogeant ce qui se passe derrière le regard que chacun porte sur autrui, le chorégraphe et danseur Nordine Belmekki situe l’action dans la vitrine d’une boutique de prêt-à-porter. Les mannequins s’animent, jouent des tenues qui les vêtent, modèlent leurs gestuelles sur ce que l’on attend de tel ou tel accoutrement : une veste de costume vous fera vous redresser et prendre un air un peu snob, un bonnet planté sur votre tête et irrésistiblement les pas de hip-hop naissent… C’est drôle, pêchu, rapide, plein d’humour et de fraîcheur. La culture populaire est définitivement entrée à Silvacane et c’est très bien !
Maryvonne Colombani
Les Soirs d’été à Silvacane se sont tenus du 7 au 9 juillet, à La Roque-d’Anthéron.