« Ah, Gudule, viens m’embrasser, et je te donnerai un frigidaire, un joli scooter, un atomixer, et du Dunlopillo, une cuisinière avec un four en verre, des tas de couverts et des pelles à gâteaux… » Le spectacle de la consommation, sur l’air de la Complainte du progrès écrite par Boris Vian en 1955, tel pourrait être le thème général de cet été au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée.
Sur les cimaises
Deux expositions questionneront le puissant imaginaire consumériste qui pétrit nos vies quotidiennes occidentales depuis les Trente Glorieuses. Au Salon des arts ménagers retrace les décennies durant lesquelles la manifestation parisienne a fait rêver les ménagères et les férus de gadgets, à travers une centaine de documents et photographies issus des fonds des Archives nationales. Le Mucem, héritier des collections du musée national des Arts et Traditions populaires, les fait dialoguer avec des objets exposés au Salon ou des caricatures publiées dans la presse de l’époque. Un dispositif qui alimente les réflexions sur nos modes de vie, bienvenues au moment où il va falloir revenir à la sobriété.
Fashion Folklore, quant à elle, se penche sur les contrastes et correspondances entre la haute couture et les pratiques vestimentaires populaires. Pour monter en épingle leur créativité, les grands couturiers n’ont eu de cesse de puiser dans l’exotisme, y compris en s’inspirant des costumes traditionnels de contrées pas si lointaines… Pas besoin d’abuser du raphia quand on peut épater la galerie avec une coiffe bretonne ! En écho à l’exposition, une Fashion Folklore Week aura lieu jusqu’au 16 juillet, avec au programme un Défilé pour 27 chaussures par la chorégraphe Mathilde Monnier, la projection du film Yves Saint Laurent (Jalil Lespert, 2014), et un Touch of Gold Fashion Ball en entrée libre (prévoir paillettes).
Réfléchir ensemble
Pour ceux qui, aux temps chauds, préfèrent s’installer à l’ombre et carburer du ciboulot, le musée propose une « Madrasa d’été ». Soit un lieu d’enseignement, inspiré des écoles coraniques nées au Moyen Âge. Trois sessions de cinq jours chacune seront proposées en juillet et août, en entrée libre sur inscription. L’occasion, par exemple, de découvrir un chef-d’œuvre de la spiritualité soufie, Le Cantique des oiseaux, écrit vers 1190 par le poète Farîd od-dîn ‘Attar (du 18 au 22/07), ou les mythes de Platon, l’anneau de Gygès, les androgynes, Épiméthée et Prométhée, etc. (du 25 au 29/07). La Madrasa s’inscrit dans le cadre de « La Méditerranée des philosophes », programme de recherche, de créations et d’ateliers participatifs emmené par le comédien Grégoire Ingold, qui animera les sessions avec Fabienne Jullien, Éric Leconte et Élisabeth Moreau.
GAËLLE CLOAREC
Au Salon des arts ménagers
Jusqu’au au 8 octobre
Fashion Folklore
Jusqu’au 6 novembre
La Madrasa d'été
Du 18 juillet au 5 août
Mucem, Marseille
mucem.org