Le Marseille Jazz des Cinq Continents est enfin de retour au Palais Longchamp. Et quoi de mieux pour débuter l’escale dans ce lieu qu’un concert d’une étoile montante du jazz moderne. Déjà récompensée de deux Grammy Awards pour son deuxième album Linger Awhile, Samara Joy a proposé un concert dans la lignée des concerts de jazz attendus dans un festival international. Habillés formellement pour l’occasion, le groupe et la chanteuse montrent que leur jeune âge est loin de les empêcher de jouer dans la cour des grand·es, non pas qu’ils aient eu besoin de le prouver. On reconnaît certaines influences de la new-yorkaise dès les premières notes du set. Il ne faut pas trop se creuser la tête pour reconnaître à la voix de Samara Joy la chaleur et l’expressivité de celle d’Ella Fitzgerald. Pour autant, la jeune chanteuse fait montre d’une technique et d’une portée vocale unique, qui lui permet de donner tour à tour à ses mélodies des accents lyriques lors de poussées aigües grandiloquentes saluées par le public ; ou des tons de soul et de r’n’b grâce à des mélismes judicieusement maniés tout au long de sa performance. L’identité jazz, pour autant, reste au cœur du concert. Des rythmiques swing nerveuses aux ballades plus douces, la voix de Samara Joy s’épanouit librement dans cet espace musical, tant dans la mélodie que dans la cadence. Comme l’a bien résumé Hughes Kieffer, directeur du festival : une voix qui touche en plein cœur et dont on n’a pas fini d’entendre le « jazz flamboyant ».
Une affaire de famille
Gilberto Gil est à Marseille chez lui. Déjà invité à de nombreuses reprises par le festival, c’est son grand retour depuis la fin de la crise du Covid-19. Très à l’aise en français, le patriarche effectue sa tournée accompagné des membres de sa famille. Le moment est impressionnant : sur scène se dévoile l’arbre généalogique Gil, entre enfants et petits-enfants. Flor, la dernière petite fille du musicien, est presque aussi connue que son grand-père et autant acclamée lorsqu’elle s’avance sur scène pour son duo avec Gilberto Gil. Surprise pour les néophytes : une seule guitare acoustique sera utilisée pendant le concert, le reste étant entièrement amplifié. Exit un set entier de bossa nova douce, une énergie contagieuse s’empare du lieu et fait vibrer le public du Palais Longchamp aux rythmes de la discographie de Gilberto Gil – et d’inédits comme Touche pas à mon pote – et d’hommages à la musique populaire brésilienne.
Car c’est avant tout de cela qu’il a été question pour ces deux concerts. Rendre hommage au Brésil et à sa musique devant un public francophone et lusophone. De quoi créer de très beaux souvenirs quand tout le public entame avec Samara Joy la chanson Chega de Saudade de Carlos Jobim, ou connaît par cœur tous les refrains de la famille Gil. Une soirée réussie donc, sur laquelle a (beaucoup) soufflé le vent de la bonne musique.
Mathieu Freche
Marseille Jazz des Cinq Continents se déroule jusqu’au 27 juillet.