La douzaine de spectacles programmés Avant le soir par Renaud-Marie Leblanc dans les jardins des 1er et 7ème arrondissements continue d’attirer un public d’habitués et de nouveaux venus. Fidèles à tous les genres et registres – musiques comme théâtre – les groupes à géométrie variables échangent dès la file d’attente qui se forme une demi-heure avant le début des représentations. Sur tel spectacle vu la veille ou l’avant-veille, ou encore sur le prologue concocté par les jeunes diplômés de l’ERACM Athéna Amara et Joseph Lemarignier, qui sert de prélude à chaque représentation. Et sur la prochaine date à ne pas manquer, chaque spectacle étant joué trois fois.
Musiques à gogo
Le mois de juillet nous avait permis de découvrir le jazz urbain, free et électro du Trio Bloom, qui reviendra le 31 août au Square Labadié ; les musiques itinérantes du Collectif Transbordeur reviendront également le 23 août au Square Labadié et le 30 au Jardin Benedetti ; le délicieux concert gustatif pensé par le violoncelliste Jean-Florent Gabriel et le chef cuisinier Louis Masson, qui signait le 7 août sa dernière représentation; les mélodies françaises de tous temps sublimées par le baryton Mikhael Piccone, la soprano Lucile Pessey et la pianiste Marion Liotard, à ne pas manquer le 18 août au square Labadié. Ne manquait à ce tableau qu’une nouvelle exploration des musiques du monde, dont la proposition du Duo 38 se revendique avec générosité. La chanteuse d’origine vietnamienne Juliette Towanda fait ainsi sienne le swing de Petite Fleur, mais aussi les berceuses de son enfance ; berceuses que le guitariste Gamal Darian teinte de rythmes et harmonies venues tout droit de son Argentine natale. Un duo plus que charmant, qui reviendra le 28 août faire chanter le square Albrecht.
Scènes de ménage
L’Édito du Bain Collectif, pensé autour de trois grandes thématiques du moment, aura lui aussi constitué un temps fort de cette programmation estivale. Côte à côte avec le très romanesque Fahrenheit 451 de la troupe du Badaboum Théâtre, très apprécié d’un public sensible à sa mélancolie mais surtout à son sens du théâtre et de la (science-)fiction : il saura captiver de nouveau le 22 août le public du jardin Benedetti. Le théâtre de cet été sait également se faire intime et poétique : la compagnie La Paloma a notamment su émouvoir avec son adaptation de La Pluie de Daniel Keene, à retrouver pour une dernière représentation le 17 août au square Albrecht.
Plus solaire, le très beau travail de la compagnie Soleil Vert sur En vie, texte d’Eugène Savitzkaya paru aux Editions de Minuit en 1995. Les qualités d’interprétation du couple constitué par Laurent de Richemond, également à la mise en scène, et Anne Naudon, y sont évidemment pour beaucoup. De même que la création sonore de Pascal Gobin, assez présente et respectueuse du texte pour en façonner l’ambiance et le propos. L’Extraordinaire n’aura pas lieu scrute avec acuité et douceur les porosités du quotidien, ce « trop-plein nécessaire » qui déborde de nos armoires. Jusqu’au névrotique « rapport avec les rats », que de charmants costumes viennent figurer en fond de scène, de part et d’autre d’un square Labadié qui nous apparaît alors sous un jour nouveau. Et qu’on a hâte de retrouver pour cette charmante proposition le jeudi 10 août.
Concerts et créations en vue
Outre l’exploration dansée de l’association Promenade d’artiste, à retrouver pour une dernière représentation le 9 septembre au square Albrecht, la création des Corps Parlants promet également de faire entrer la chorégraphie dans les jardins, en se revendiquant d’une démarche art-thérapeutique tout à fait nouvelle les 2, 3 et 8 septembre. La troupe de Didascalies & Co dirigée par Renaud-Marie-Leblancs’intéressera enfin avec Mirages du réel à la physique quantique les 16, 21 et 24 août.
À noter également : à deux pas des 1er et 7ème arrondissements, Culture au jardin revient ! fera dialoguer la poésie d’Arthur Rimbaud avec la musique de Mariane Suner le 10 août au Parc Pastré, en compagnie des comédiens Christophe Labas-Lafite et Stefan Sao Nélet. Un travail de longue haleine que les comédiens et la musicienne ont mené avec l’hôpital de la Conception un an durant.
SUZANNE CANESSA